L’opposition tranchée entre la « puissance des métropoles » et le « déclin des grands bassins industriels » ne résisterait pas à l’examen, estime une étude de la Fabrique de l’industrie du 4 novembre 2019. Certes, l’hémorragie dans l’industrie est indéniable : « Pas moins de 80 % des zones d’emploi ont connu un repli de l’emploi industriel » entre 2009 et 2015. Mais il n’y aurait pas de fatalité à ce qu’un territoire industriel sombre, si l’on s’en tient à trois grands facteurs. Premièrement, l’effet national pèserait en moyenne à 52 % dans la variation locale. Ce sont les structures de la productivité du pays, des dépenses des consommateurs et de la compétitivité. Mais nous n’avons là que la moitié de l’explication et elle ne nous permet pas vraiment de comprendre pourquoi des territoires réussissent ici et là. Ce n’est pas la spécialisation sectorielle qui permet de distinguer les gagnants et les perdants : elle ne pèserait en moyenne que 10 % dans la variation locale. Autrement dit, le type d’industrie et leurs concentrations dans des clusters ou des métropoles, n’apparaissent pas déterminants localement. En fait, « l’effet local » expliquerait 38 % des variations de l’emploi. Il relève de l’histoire des villes, de l’effet domino entre voisines, et de la capacité des acteurs locaux « à gérer les conflits, créer des espaces de dialogue, dégager des solutions gagnant-gagnant, trouver des compromis, etc. ». Les villes de Figeac (Lot), Issoire (Puy-de-Dôme), Vitré (Ille-et-Vilaine) et Ancenis (Loire Atlantique) en seraient des exemples emblématiques.