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Sur le terrain

Diversité : CGI Finance déjoue les préjugés et les discriminations

Sur le terrain | publié le : 11.11.2019 | Carine Mandère

À l’aide d’un jeu d’enfant, l’établissement financier a sensibilisé ses salariés au handicap et à la diversité en entreprise pour contribuer à des changements de mentalités.

« Les salariés handicapés ne sont pas performants ; une personne tatouée est désinvolte dans son travail ; les femmes, parmi l’ensemble des collaborateurs, sont celles qui résistent le moins au stress… » Les idées reçues et négatives sont souvent pernicieuses dans le milieu professionnel. Si l’on pense réellement qu’une femme ne résiste pas à la pression, sa candidature sera écartée de certains postes. Ou sa participation ne sera pas requise sur certaines missions.

Parler ouvertement de ce type de préjugés dans le monde du travail ne fait pas peur à CGI Finance, filiale de la Société générale spécialisée en regroupement de prêts et financements. Cette entreprise implantée à côté de Lille, qui compte 1 000 salariés dont 900 au siège, a lancé une initiative pour aborder des questions pouvant déranger. « Nous avons pour habitude d’évoquer la thématique du handicap. Au sein de CGI Finance, la proportion d’insertion de personnes concernées est de 8 %, précise Jean-François Desseaux, chargé de recrutement. Nous avons souhaité alimenter des réflexions sur les jugements portés rapidement, sans trop y prêter attention, ou qui sont ancrés profondément dans les esprits, sans remise en cause. »

Se jouer des a priori

Pour inciter les collaborateurs à participer, chacun d’entre eux a reçu une pochette avec un « hand spinner », petit jeu de toupie célèbre dans les cours d’écoles. Le gadget manuel estampillé « Handicap, je me joue des préjugés » s’accompagnait d’une notice informant sur son origine : une maman américaine l’a fait connaître après avoir constaté que la manipulation du jouet relaxait son enfant autiste. Une entrée en matière ludique et pédagogique pour déjouer les préjugés de manière très générale. « Les collaborateurs étaient invités à rédiger anonymement, sur un post-it, un jugement qu’ils ont pu entendre, penser ou subir, explique Jean-François Desseaux. Le petit papier était ensuite collé sur un arbre en carton conçu à cet effet dans le hall de l’établissement. L’âge, le sexe, l’origine et le patronyme, l’apparence physique, l’état de santé, sont quelques critères de discrimination possible. Plus de 300 préjugés ont été listés. Le succès de l’animation a dépassé nos espérances. Nous avons laissé les arbres deux semaines au lieu des deux journées initialement prévues. Se retrouver à côté était le prétexte à échanger entre collègues. Les écrits pouvaient amuser ou choquer. En tout cas, cela faisait parler. »

Pour compléter l’opération, une conférence animée par une consultante en diversité a réuni une cinquantaine de salariés. « Les autres collaborateurs en agence, ailleurs en France, pouvaient la suivre via l’intranet. En échangeant sur les différents types de préjugés recueillis, on a pu expliquer leurs impacts sur l’environnement professionnel et, aussi, dans la vie personnelle. Si les sujets sont ensuite débattus dans la sphère privée et familiale, que les enfants s’en emparent, un changement dans les mentalités sera alors possible. »

Pitch d’économie responsable

C’est dans cet état d’esprit positif que le chargé de ressources humaines est allé pitcher au Forum mondial de l’économie responsable qui se déroulait à Lille, le mois dernier. Plusieurs associations et entreprises ont présenté leurs bonnes pratiques, lors d’un concours sur l’engagement sociétal organisé par le Réseau Alliances. « J’avais trois minutes pour expliquer ce que nous avions proposé en interne, raconte Jean-François Desseaux. C’était l’occasion de partager notre expérience dans le cadre de cet événement empreint d’espoir pour un monde éthique. En parler ainsi peut éventuellement donner l’envie à d’autres entreprises de dupliquer cette opération, facile à mettre en place. S’assurer de la diversité en recrutement, c’est bénéficier d’approches différentes, de créativités et d’intelligences complémentaires. C’est économiquement intéressant aussi : cela peut créer des opportunités. »

Les retombées de l’animation au sein de CGI Finance ont, selon Jean-François Desseaux, participé à des prises de conscience. Il poursuit son travail en ce sens et a, par exemple, intégré une rubrique « préjugé » dans la newsletter. En janvier 2020, son poste va d’ailleurs se focaliser sur ces questions. Il deviendra responsable Diversité et santé au sein de son entreprise.

Auteur

  • Carine Mandère