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Compétences : Ces entreprises qui s’engagent à long terme pour l’insertion

Le point sur | publié le : 11.11.2019 | Dominique Perez

Parcours fragilisants, situations précaires mais des compétences à valoriser… Répondre à une pénurie de main-d’œuvre ne peut pas être la seule motivation des sociétés pour s’impliquer dans l’accueil des réfugiés.

Impossible de ne pas les voir, impossible de ne pas « faire quelque chose »… Pour la SNCF, la question des exilés s’est d’abord posée sous l’angle de la sécurité. « Bien en amont de celle de l’insertion professionnelle, explique Marianne Eshet, déléguée générale de la fondation SNCF. Dans certaines régions, il y avait des accidents car des migrants traversaient les voies sans appréhender le danger. Il a fallu se pencher sur la question, mettre en place des informations traduites en 20 langues, travailler avec les associations… » La fondation a souhaité ensuite actionner d’autres leviers, en cohérence avec ses principaux domaines d’engagement : l’éducation, la culture et la solidarité. « Nous sommes très présents sur le volet de la prévention de l’illettrisme, notamment. »

Au printemps 2019, la SNCF et sa fondation s’engagent. « Nous sommes en amont de l’insertion, explique Marianne Hesnet. La SNCF consacre un budget de 1,3 million d’euros à l’apprentissage du français pour les réfugiés, initiative complétée d’un dispositif de parrainage, en interne, d’une personne par un salarié. » Aujourd’hui, 200 collaborateurs se sont déclarés intéressés par ce dispositif et les 50 premiers binômes ont été constitués. Rencontres régulières, sorties, conseils sur la recherche d’emploi, ouverture sur un réseau… Le filleul et son parrain se rencontrent au moins deux fois par mois. Les entreprises ou fédérations qui souhaitent s’impliquer dans l’accueil et l’accompagnement des exilés, quelles que soient leurs motivations initiales, se rendent généralement compte assez rapidement d’une nécessaire prise en compte de la spécificité du public accueilli et des difficultés, notamment administratives et d’hébergement, auxquelles ces personnes ont à faire face.

« Nous avons essuyé les plâtres »

La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) s’est engagée avant 2017 dans un programme de formation des réfugiés en impliquant d’abord les entreprises en Ile-de-France. « C’était le parcours du combattant, témoigne Richard Langlet, en charge de la formation et de la sécurité, avec une ingénierie très lourde à mettre en place avec nos partenaires, y compris pour chercher des hébergements pérennes, s’occuper de la partie administrative… Pour identifier des candidats, nous avons fait le tour des centres d’hébergement d’urgence dans Paris et organisé des sessions d’information en présence des entreprises pour présenter les métiers (en majorité des postes de coffreur bancheur et maçonnerie VRD/gros œuvre), avant d’organiser des job dating avec les personnes intéressées. Nous avons dû trouver des traducteurs dans des langues ou dialectes peu répandus, les réfugiés étant originaires du Sud-Soudan, d’Erythrée ou d’Afghanistan. Avant la mise en œuvre du programme Hope, nous avons essuyé les plâtres… »

Décorrélées des problématiques de formation dans des métiers « en tension », des initiatives partent plutôt du potentiel initial des réfugiés pour leur proposer un accompagnement ad hoc. BNP Paribas a intégré dès 2015 la question de leur accueil dans sa politique RSE. « Nous avions la volonté d’être une entreprise “pionnière”, explique Raphaèle Leroy, directrice de l’engagement d’entreprise de la banque de détail du groupe. En se disant “si on accueille des réfugiés, il faut tout faire pour que ce soit sur le long terme”. Nous devions les comprendre, connaître leurs besoins. Nous sommes donc allés à la rencontre des associations et nous avons travaillé ensemble. Ce qui nous est apparu comme une évidence est le besoin de reconnaissance de leurs compétences professionnelles, qui représentent une grande richesse potentielle pour la France. »

« Valoriser les compétences »

Comment les aider à utiliser leurs talents ? C’est la question que s’est posée le Groupe Generali, qui, connaissant l’implication de BNP Paribas sur la thématique de l’entreprenariat social, propose à la banque de s’associer pour créer un incubateur. C’est chose faite : en partenariat avec la mairie de Montreuil, la fondation The Human Safety Net (groupe Generali), BNP Paribas, le Réseau des entreprises de Montreuil et l’association La Ruche, 15 premiers « entrepreneurs » intégreront l’incubateur dans les prochains mois. Coachés et/ou mentorés, notamment, par des collaborateurs des deux entreprises, ils auront six mois pour peaufiner et mener à bien leur projet.

Auteur

  • Dominique Perez