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La politique égalité d’Airbus vue par les femmes cadres

Les clés | À lire | publié le : 04.11.2019 | Lydie Colders

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La politique égalité d’Airbus vue par les femmes cadres

Crédit photo Lydie Colders

La sociologue Nathalie Lapeyre a suivi pendant cinq ans des manageuses ou ingénieures chez Airbus, en plein déploiement de sa politique d’égalité pour féminiser son encadrement. Une excellente enquête, qui montre qu’évoluer dans une culture masculine n’est pas si simple.

Si Airbus mise sur une politique d’égalité professionnelle, comment les salariées tirent-elles leur épingle du jeu pour progresser dans leur carrière dans ce bastion masculin de l’aéronautique ? Pour analyser les effets des politiques RH et de diversité du groupe entre 2012 et 2016, ambitionnant d’augmenter le nombre de femmes dans l’encadrement, la sociologue Nathalie Lapeyre a eu la bonne idée de donner la parole à une soixantaine de femmes managers et ingénieures de tous âges. Actions RH de promotion de carrière, réseaux de femmes cadres ou politique de quotas féminins, « si un vent de féminisation souffle sur Airbus », vue comme « une opportunité » pour les jeunes générations de femmes en particulier, elles restent lucides sur le chemin à parcourir, observe la chercheuse. Malgré ces objectifs affichés, les témoignages surprennent par les discriminations larvées, les stéréotypes féminins qu’elles détournent « en fine stratège » pour évoluer, en jouant la carte de l’humour : « faire la blonde », « jouer l’innocente » pour obtenir des informations clés que les hommes cadres retiennent…

Solidarité féminine, mais insuffisante

Dans les points positifs de la politique diversité, Nathalie Lapeyre consacre un long chapitre au concept d’empowerment (la capacité ou le pouvoir d’agir), au travers d’une formation au leadership féminin initié par le constructeur de l’aéronautique. Riche en récits, le livre montre la prise de conscience « spectaculaire » des femmes après ce stage, qui se « donnent à fond » pour être visibles auprès des RH, montent des projets annexes ou créent des réseaux d’entraide au sein de leurs équipes : « Les dimensions de solidarité et de sororité qui apparaissent dans ces collectifs de femmes peuvent être considérées comme une véritable ressource », affirme la sociologue. Elle émet cependant plusieurs critiques : au prix d’un travail conséquent, « les femmes doivent s’adapter aux normes masculines dominantes en matière de carrières, qui ne sont à aucun moment remises en question par l’organisation ». Une enquête passionnante, instructive pour d’autres entreprises engagées dans la féminisation de leurs instances dirigeantes.

Auteur

  • Lydie Colders