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Le fait de la semaine

« Les cadres ont de moins en moins de leviers d’action »

Le fait de la semaine | publié le : 04.11.2019 | S. M.

Pour Pascal Ughetto, les cadres sont aujourd’hui trop perçus comme des exécutants, pris au piège d’injonctions contradictoires. Mais selon lui, une prise de conscience s’amorce et ils pourraient y dénicher une occasion de retrouver le sens premier de leur mission : l’animation d’équipe.

Comment définissez-vous le rôle des cadres ?

Ils doivent incarner auprès des gens qu’ils encadrent une orientation stratégique et des choix d’organisation qui viennent de plus haut. Dans les grandes organisations en particulier, il y a un phénomène de grande division du travail. Les cadres sont en charge de coordonner tout cela. C’est donc une fonction essentielle. Ce ne sont pas de petits chefs dont il faudrait se passer.

Ce rôle vous semble-t-il être bien pris en considération, reconnu, voire valorisé ?

Récemment, le poids des process s’est considérablement accru, du fait des directions fonctionnelles, comme celles de la qualité, des systèmes d’information ou des achats. Résultat : les organisations font face à des impératifs de plus en plus complexes et contradictoires. Par exemple, réaliser des innovations tout en réduisant les coûts. C’est en théorie impossible et pourtant, il faut y arriver. Les organisations s’en trouvent conduites à la limite du possible. Et pour ce faire, leur réponse a consisté à ne pas compter sur les opérationnels mais à toujours davantage contrôler. On demande aux managers de réaliser ces vérifications. Depuis les années 90, leurs marges de manœuvre et leur autonomie se sont réduites puisque les process préemptent une partie de leurs prérogatives. Les cadres même de haut niveau deviennent exécutants. Les exigences sont de plus en plus élevées à l’égard des cadres, qui ont de moins en moins de leviers d’action. Forcément, ils ne vont pas bien.

Les entreprises commencent-elles à prendre conscience du phénomène ?

Depuis quelques années, un certain nombre d’entre elles s’interrogent sur l’organisation du travail avec la volonté de redonner de l’air aux gens. Au travers par exemple des entreprises libérées, de la digitalisation, des méthodes agiles… Dans tous les cas, l’idée est de refaire confiance, de mettre en cause les fonctionnements trop hiérarchiques. Cela conduit à revoir le rôle des cadres, à nouveau attendus en leaders qui font confiance à leurs collaborateurs. Ils deviennent une ressource au service d’une équipe qu’ils ont fait monter en puissance. Cela leur ouvre un avenir indéterminé, qui peut susciter des craintes. Mais cela représente aussi une occasion inespérée pour eux de jouer leur véritable rôle, à condition que les entreprises opèrent réellement leur transformation culturelle.

Auteur

  • S. M.