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La formation n’est plus ce qu’elle était

Chroniques | publié le : 04.11.2019 |

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La formation n’est plus ce qu’elle était

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Martin Richer management & RSE

La formation professionnelle ne peut plus retarder son indispensable mue. Elle doit affronter les défis résumés par six chiffres clés.

40 %.

Des millions d’emplois seraient menacés par les robots et les algorithmes. Cela fait des années que le constat est posé. Et pourtant, voici ce que je lis dans le rapport que vient de publier l’OCDE : « Les travailleurs qui se trouvent dans les métiers les plus exposés au risque d’automatisation ont 30 % de chances en moins de participer à la formation continue que ceux qui sont peu exposés » (The Future of Work – OECD Employment Outlook 2019). Malgré une suite impressionnante de réformes, de réglementations sur la GPEC et de discours convenus sur l’égalité des chances, la formation soutient toujours en priorité ceux qui sont déjà les mieux formés. « En moyenne dans les pays de l’OCDE, la participation à la formation professionnelle continue est inférieure de 40 % chez les travailleurs les moins qualifiés par rapport à ce qu’elle est chez les plus qualifiés », lit-on dans le même rapport. La formation est désormais un enjeu majeur de responsabilité sociale.

23 %.

À rebours du mythe de la société de la connaissance, notre pays souffre d’un manque crucial de qualification : « 23 % des salariés sont sous-qualifiés pour le poste qu’ils occupent, ce qui est un des taux les plus élevés parmi les pays de l’OCDE », constate le rapport du Conseil national de productivité, publié en avril 2019.

34 %.

Plus d’un salarié français sur trois travaille dans un domaine différent de celui pour lequel il a étudié, une proportion plus élevée que la moyenne des 28 pays de l’Union européenne et surtout que les pays scandinaves ou de culture germanique.

28 %.

Moins de trois Français sur dix (une misère !) estiment que les formations professionnelles répondent aujourd’hui aux différents besoins exprimés par les entreprises (étude YouGov, décembre 2018). L’énorme gâchis ne passe pas inaperçu…

60 %.

« Six employeurs sur dix estiment que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques » (Éclairages et synthèses de Pôle emploi, mars 2018). Nous y sommes : les soft skills l’emportent sur les hard skills dans la demande des employeurs, mais une grande partie des prestataires de formation ne semblent pas s’en être aperçus…

3.

Intelligence artificielle + réalité augmentée + big data. La combinaison de ces trois technologies va disrupter la formation, en favorisant l’émergence d’approches radicalement nouvelles : serious games, adaptative learning (qui sélectionne le contenu pédagogique présenté à l’utilisateur en fonction de données accumulées sur lui), classes digitales et ateliers virtuels, classes inversées, blended learning (qui combine les formations en groupe et en présentiel, l’auto-formation et le e-learning), formation « data intensive » (branchée sur des bases de connaissances et des outils de gestion documentaire), groupes de professionnalisation, immersive learning (par utilisation de la réalité augmentée), social learning (importance des communautés d’apprentissage). La prise en compte de ces technologies digitales par la dernière réforme de la formation commence enfin à assouplir le carcan légal de la formation et l’ouvre à d’autres modalités que le présentiel.

L’utilisation de ces technologies, soutenues par un accompagnement humain à leur mesure, va enfin permettre d’affronter ces défis, de passer à des approches plus transversales de la formation, qui placent chacun en position alternative d’apprenant, de contributeur, de formateur, de coach, en sollicitant l’intelligence collective des communautés apprenantes et l’autonomie des personnes. Lorsque l’on part en formation, ce n’est pas pour se retrouver seul face à un écran ; c’est pour s’enrichir par les échanges.