On peut être usine du futur et se fier au carton. Considérée comme un fleuron du déploiement dans la métallurgie des nouvelles technologies et organisations de travail, l’entreprise SEW-Usocome n’en recourt pas moins au bon vieux matériau quand elle s’occupe d’ergonomie. Avant l’implantation d’une nouvelle ligne de production, les opérateurs de cette société de 2 200 salariés en pleine croissance, confectionnent une maquette en carton à échelle réelle des futurs postes de travail, avec le concours du service médical et celui des méthodes. Cette réalisation est ensuite traduite en réalité virtuelle 3D. Le groupe de travail consacre alors plusieurs jours à une cotation fine de l’ergonomie, selon une grille interne travaillée avec un cabinet-conseil. Il note de 1 à 4 une dizaine de points : l’impact potentiel sur les différentes parties du corps (colonne vertébrale, cervicales…), les déplacements, les tractions et poussées, le port de charges et les « contraintes cognitives ». Des couleurs – vert, orange ou rouge – matérialisent les points satisfaisants, à améliorer ou à modifier plus profondément.

Cette initiative constitue l’un des volets d’un programme d’amélioration continue de l’environnement de travail pour la prévention des risques de santé-sécurité : Perfambiance. Né il y a trente ans dans l’usine principale de Haguenau (Bas-Rhin), étendue aux nouvelles implantations de Forbach (Moselle) au milieu des années 1990 puis de Brumath (Bas-Rhin) en 2015, il a valu cette année à SEW-Usocome la première certification d’une entreprise métallurgique selon la norme Iso 45001 de santé-sécurité au travail. « Celle-ci a renforcé certains de nos processus, en instaurant par exemple un tableau de suivi des intérimaires, mais il faut reconnaître que Perfambiance cochait de nombreuses cases. La norme internationale valide le travail partenarial avec notre maison mère allemande et les autres usines dans le monde. Vis-à-vis des clients et des partenaires extérieurs, elle nous apportera un argument plus objectif sur la solidité de notre démarche », commente Cédric Sonrel, responsable HSE (hygiène-sécurité-environnement) de SEW-Usocome. Ce poste HSE, commun aux trois usines et aux cinq centres de services de montage en France, illustre la recherche d’harmonisation en santé-sécurité, au-delà des différences d’âge et d’activité des sites du fabricant de systèmes d’entraînement et d’automatisation pour l’industrie.

Projet d’entreprise aux thématiques diverses, Perfambiance place l’environnement de travail au premier rang de ses axes. Des améliorations concrètes en découlent : rangement à hauteur d’homme des outils, placement à proximité des pièces les plus demandées, plancher ajustable pour la peinture, aide mécanique à la manutention, éclairage Led, démultiplication des AGV : ces petits véhicules autoguidés de convoyage de pièces, dont les capteurs évitent le risque de collision.

Toutefois, « c’est la diffusion de la culture sécurité qui importe le plus », rappelle Cédric Sonrel. Les opérateurs ont été invités à remonter plus systématiquement les problèmes, sans tabou, en référence aux objectifs d’entreprise « communicante » et « participative » inscrits dans Perfambiance.

L’analyse des plaintes en matière de santé-sécurité déclenche un processus d’aménagement des postes. De plus, au classique arbre des causes consécutif à un accident, SEW-Usocome a ajouté la rédaction d’une fiche détaillée dès qu’un soin, même d’apparence bénigne, doit être prodigué. Quant à la « revue de direction » trimestrielle, elle recense les attentes et besoins exprimés en interne, dont celle des instances représentatives du personnel en complément des échanges dans le cadre du CSE, ainsi que celles des prestataires extérieurs.

Ce check-up a débouché, dernièrement par exemple, sur l’installation de bennes plus ergonomiques au bénéfice des sociétés de nettoyage.

Ainsi, l’entreprise peut se targuer d’afficher une accidentologie deux à trois fois moindre que la moyenne de la métallurgie, malgré une activité porteuse en soi de risques de TMS et une moyenne d’âge plutôt élevée de 43 ans, « rançon » d’un faible turn-over – plus de 17 ans d’ancienneté moyenne. Le taux de fréquence avec arrêt s’est situé à 9 l’an dernier (et à 6 sur une période de cinq ans) et le taux de gravité à 0,32.