Cette réforme est une injustice sociale ! Contrairement à ce qu’essaie de nous vendre la ministre du Travail, elle n’a pas pour objectif de favoriser le retour à l’emploi, mais d’accélérer le désendettement de l’Unédic. Elle est aujourd’hui endettée, c’est vrai. C’est la conséquence des décisions exceptionnelles que les partenaires sociaux, en gestionnaires responsables, ont pris en 2008 pour amortir la crise. Mais le retour à l’équilibre était de toute façon déjà engagé à horizon 2020, ce qui aurait marqué le début du désendettement. L’exécutif a voulu accélérer les choses en sacrifiant au passage les droits des nouveaux entrants dans le régime. Rien que pour 2019, l’Unédic calcule que 232 000 personnes – soit 9 % des inscrits – auront été exclues du régime puisqu’elles ne peuvent justifier de six mois de travail. Or, la plupart d’entre elles sont des jeunes. Certes, mécaniquement, les chiffres du chômage vont diminuer mais la réalité est qu’un grand nombre de ces « allocataires perdus » seront renvoyés aux minima sociaux. Auxquels les moins de 25 ans inéligibles au RSA n’auront même pas droit. Cela peut créer des situations sociales dramatiques.
Non. Je ne connais pas de cadre qui s’offre six mois de vacances aux frais de l’assurance-chômage avant de se remettre à chercher un emploi au septième. Pour un cadre, surtout s’il approche la cinquantaine, un trou de six mois dans un CV est un handicap. Cette décision vient d’un parti pris du gouvernement qui considère que les allocataires attendent le dernier moment pour revenir à l’emploi. Que nous dit l’Unédic ? Que les indemnisés mettent en moyenne dix mois à retrouver du travail et que la moitié des allocataires touchent moins de 860 euros par mois. On est loin des préjugés du ministère du Travail. Mais au-delà de la dégressivité des allocations, le problème est la perception de l’emploi par les pouvoirs publics attachés à cette idée d’« emplois non pourvus » que les chômeurs pourraient très bien occuper s’ils s’en donnaient la peine. Cela fait dix ans que la CFDT demande une analyse sérieuse sur la qualité de ces emplois proposés mais ni l’exécutif, ni le patronat ne veulent s’engager là-dessus.
Pourquoi pas, mais cela réglera-t-il le problème des chômeurs qui se retrouveront avec 400 euros par mois pour vivre ? Je ne dis pas que la mesure ne présente pas d’intérêt, mais elle ne cible qu’une petite partie de la population. L’indemnisation des démissionnaires devrait représenter 300 millions d’euros par an et celle des indépendants environ 140 millions d’euros. À comparer aux 900 millions d’euros d’économies générales réalisées par le régime en 2020 sur le dos des demandeurs d’emploi…