logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 28.10.2019 | Denis Monneuse

Image

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

La discrimination salariale envers les femmes est-elle vraiment en baisse ?

Cela fait près de 50 ans

que le principe « à travail de valeur égale, salaire égal » a été inscrit dans la loi. Pourtant, à travail égal, les femmes sont encore généralement payées 9 % de moins que les hommes. Les optimistes diront que l’écart est déjà moindre qu’il y a 46 ans, lorsque la loi fut votée. Les réalistes se demanderont toutefois pourquoi la loi n’est pas encore totalement appliquée. Si l’on observe les différences de rémunération, sans comparer à travail égal, l’écart est bien supérieur, de l’ordre de 20 %.

Mais la discrimination salariale

est-elle vraiment en baisse ? Francine Blau et Lawrence Kahn apportent des réponses à partir de données aux États-Unis entre 1980 et 2010.

Qu’observent-elles ? Qu’en trente ans, l’écart de rémunération a grandement diminué, mais qu’il persiste un écart injustifié. Cet écart peut s’expliquer par six grands facteurs : des différences de niveau d’éducation, d’expérience, d’emplois occupés, de secteurs d’activité, en matière de syndicalisation et, enfin, la discrimination.

Au début des années 1980,

les femmes salariées avaient un niveau de diplôme et d’expérience professionnelle bien inférieur aux hommes, ce qui expliquait une partie de l’écart. Aujourd’hui, les jeunes femmes réussissent mieux que les jeunes hommes à l’école et les différences d’expérience professionnelle sont moindres, si bien que le capital humain ne peut plus justifier d’importants écarts de salaire. En revanche, les écarts s’expliquent encore aujourd’hui par les différences d’emplois et de secteurs d’activité. Même s’il y a une amélioration dans ce domaine, les femmes occupent en moyenne des postes moins élevés dans la hiérarchie que les hommes ; le plafond de verre est moins fort, mais il demeure. De plus, les femmes sont encore plus nombreuses que les hommes dans les secteurs d’activité comme les services à la personne où les salaires sont traditionnellement bas. En ce qui concerne l’explication liée aux syndicats, elle a quasiment disparu. Même si les syndicats sont encore relativement peu féminisés, ils portent davantage le sujet de l’égalité salariale et les femmes sont plus nombreuses relativement aux hommes qu’autrefois à se syndiquer.

Il reste alors la part inexplicable,

celle qui correspond à une forme ou une autre de discrimination. Cette part a diminué au cours des années 1980, contribuant à une baisse des écarts salariaux entre hommes et femmes. En revanche, elle ne baisse plus beaucoup depuis les années 1990. C’est parmi les salaires les plus élevés que l’écart entre les sexes est le plus important et qu’il a le moins baissé entre 1980 et 2010. Il semble en effet que la discrimination salariale repose sur des stéréotypes négatifs envers les femmes et que plus on s’approche du sommet, plus ceux-ci sont importants. Par exemple, si les dirigeants pensent que les femmes sont moins investies au travail que les hommes, ils imaginent que ce moindre investissement sera moins préjudiciable à l’entreprise sur des postes à faibles responsabilités (donc faibles salaires) que sur les postes clés de l’entreprise.

Bref, il reste encore

du travail à faire pour briser le plafond de verre en ouvrant plus de postes à responsabilité aux femmes et en leur octroyant une rémunération égale aux hommes sur ces postes !

Auteur

  • Denis Monneuse