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Santé au travail : Le secteur des transports investit dans la prévention

Sur le terrain | publié le : 21.10.2019 | Sophie Massieu

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Santé au travail : Le secteur des transports investit dans la prévention

Crédit photo Sophie Massieu

Transportez-vous bien. Tel est le titre d’un accord que la branche des transports entend mieux faire connaître. Objectif : prévenir plutôt que guérir. Un enjeu d’importance, dans une branche d’activité concernée par des problématiques de santé spécifiques et qui voit vieillir sa population salariée.

En matière de santé au travail, le secteur des transports a innové. Ainsi, lorsque les salariés de la branche suivent des actions de prévention, ils sont récompensés par des points qui peuvent leur ouvrir des droits sociaux, en cas de besoin. Les actions concernées sont, par exemple, des journées de prévention sur le sommeil, l’alimentation, les troubles musculo-squelettiques, les maladies cardiovasculaires, ou des formations à l’addictologie. Mais ce sont aussi d’autres actions de prévention qu’ils peuvent décider de suivre sur leur temps personnel. Avec la mise au point de consultations médicales spécifiques de 45 minutes, c’est là une des deux principales originalités de Transportez-vous bien, l’accord de prévention de la branche des transports à destination de ses collaborateurs.

Cet accord a été signé par dix organisations patronales et syndicales en 2016 et a commencé à réellement s’appliquer au 1er juillet 2017. Le temps, notamment, de former les médecins aux consultations préventives spécifiques. Depuis son entrée en vigueur, 6 000 sur les 600 000 salariés de la branche ont suivi des actions de prévention. Trop peu aux yeux des signataires, qui l’expliquent notamment par l’émiettement des effectifs, répartis en une foule de PME : « Cet accord répond aux attentes, estime Patrick Blaise, secrétaire général de l’Union fédérale route FGTE-CFDT. Il fallait agir pour prévenir les risques. Nous rencontrons notamment beaucoup de dangers d’accidents vasculaires cérébraux, de problèmes liés à des apnées du sommeil, au manque d’activité physique, au surpoids… Nous pensions qu’il suffisait que cet accord réponde à un besoin pour qu’il soit connu et utilisé. Mais non. Voilà pourquoi aujourd’hui notre enjeu est de le faire connaître. » Actuellement, une moitié de l’argent disponible dans ce fonds de prévention géré par le groupe Klesia (qui est alimenté par une cotisation de 0,05 % de la masse salariale, soit 7 millions d’euros par an) est dépensée.

Une question de performance

Outre les actions préventives en entreprise, le salarié peut investir du temps dans une prévention ciblée sur ses problématiques personnelles. Les plus pressés rempliront juste un questionnaire d’auto-évaluation. D’autres se lanceront dans un suivi, un coaching de cinq séances, par téléphone, avec une infirmière ou une nutritionniste. Mieux encore : les plus disponibles peuvent faire un check-up santé, chez un médecin formé aux enjeux spécifiques de santé du secteur. Le tout pris en charge par le fonds, et lui valant des points, qui lui ouvriront des droits si survient une maladie, un accident… « La performance d’un groupe s’appuie sur une composante santé des éléments qui le constituent. D’autant que notre condition de production est qu’il y ait un conducteur », commente René Petit, président d’honneur de la FNTR (Fédération nationale des transports routiers). Il reconnaît à demi-mot également que la protection sociale peut contribuer à l’attractivité d’un secteur qui recrute.

Mieux prendre soin de sa santé

Reste, par ailleurs, que la population des chauffeurs routiers est vieillissante et que, selon le dernier baromètre sur l’absentéisme réalisé par Gras Savoye Willis TowersWatson, le transport comptait dans le tiercé des secteurs les plus impactés par ce fléau. Enfin, la cotisation sur les AT/MP (accidents de travail et maladies professionnelles) s’élève à 5,5 %, un chiffre assez élevé par rapport à d’autres secteurs, rappelle Benjamin Laurent, directeur de l’offre de Klesia. Difficile, souligne-t-il, de mesurer les effets de cet accord, qui monte en charge puisque les taux de cotisation AT/MP sont calculés actuellement sur les années 2015, 2016 et 2017, des années où l’accord n’avait pas encore d’effet. Patrick Blaise, lui, se veut confiant : « Les salariés de notre secteur témoignent aujourd’hui d’une plus grande envie de prendre soin de leur santé. » Et de s’appuyer, notamment, sur une enquête Ifop réalisée en 2018 : 85 % des salariés jugeaient pertinent de suivre des actions spécifiques de prévention compte tenu de leur secteur d’activité. Cette même enquête voyait 92 % des dirigeants répondre qu’un dispositif de prévention était bénéfique pour l’entreprise et pour le salarié. Reste à ce que ces déclarations de principes soient transformées dans les faits.

Auteur

  • Sophie Massieu