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Sur le terrain

Conditions de travail : EMI soigne ses nouveaux locaux

Sur le terrain | publié le : 21.10.2019 | Mathieu Noyer

EMI, une PME du Haut-Rhin spécialisée dans la plasturgie, a profité de la construction de sa nouvelle usine pour y appliquer une grille de conception des lieux optimisant l’environnement et la sécurité au travail.

Pour sa nouvelle usine de Saint-Louis (Haut-Rhin), EMI n’a pas lésiné sur les moyens. Cette PME familiale spécialisée dans l’injection de matières thermoplastiques (150 salariés) a voulu mettre l’environnement de travail au niveau du label « Industrie du futur », au diapason de son processus de production, totalement opérationnel depuis le début d’année. De grandes fenêtres encadrent les ateliers pour les baigner d’une lumière naturelle éventuellement renforcée par un éclairage led. Les petites perforations du bardage intérieur sont conçues pour absorber les réverbérations, ce qui fait presque régner un silence de cathédrale malgré le ballet des chariots et des pièces sortant des presses à injection. Au plafond, un dispositif de « roof-top » assure un renouvellement d’air équivalent à au moins 20 % du volume brassé, apporteur d’une brise bienvenue : « Cet été, au plus fort de la canicule, la température dans les unités de production est restée inférieure de 5 degrés à celle de l’extérieur, alors qu’elle aurait tendance spontanément à la dépasser, du fait de la chaleur dégagée par les presses », souligne Pascal Jullien, directeur industriel d’EMI.

Parcours en dix points

Ces aménagements ne pèsent qu’un poids marginal dans l’investissement global de 16 millions d’euros, mais ils ont leur importance. « Les thèmes de la luminosité, du bruit, de l’acoustique, de l’aération et de la température avaient recueilli la priorité de la direction car la précédente usine, devenue vétuste et sous-dimensionnée, avait montré ses limites en la matière », décrit Pascal Jullien. Or ils font partie des dix points d’une démarche engagée par plusieurs Carsat (caisses régionales d’assurance retraite et santé au travail) : la CLST, abréviation de « conception des lieux et situation de travail ». Celle-ci vise à « intégrer les fondamentaux de santé et sécurité au travail dans un projet d’entreprise, qu’il s’agisse de la construction complète d’une nouvelle usine, d’un réaménagement d’atelier ou même d’un déplacement de machine », expose Thierry Depiesse, référent CLST à la Carsat Alsace-Moselle. Elle s’adresse aussi au secteur tertiaire et peut comprendre une aide jusqu’à 50 000 euros pour les sociétés de moins de 200 salariés.

Appliquer le plus en amont

« La CLST balaie, de façon pragmatique, tous les points réglementaires et pratiques, en reproduisant la visite des locaux et la perception qu’en a l’observateur extérieur : du parking aux vestiaires en passant par le bruit et l’éclairage, la prévention des chutes de hauteur, la manutention de charges, le stockage des produits dangereux, etc. De plus, elle stipule une conception et un suivi partagés au sein d’une équipe-projet pluridisciplinaire », détaille Thierry Depiesse. Celle-ci comprend la direction, des salariés, l’architecte des locaux, les fournisseurs de matériels et des représentants du monde de la santé (infirmière, Carsat…). Chez EMI, l’équipe est constituée d’une dizaine de personnes autour des dirigeants, moteurs de la démarche. « Le point clé reste la capacité à appliquer la CLST au plus tôt, dès la conception : à ce stade, les modifications sont les moins coûteuses », rappelle Thierry Depiesse. Pouvant capitaliser sur quelque 250 applications en cinq ans, la Carsat Alsace-Moselle fait partie des sept caisses pilotes1 qui travaillent à la généralisation de la démarche en France d’ici à quatre ans.

Full sécurité

La nouvelle usine EMI applique une autre méthode, en matière de sécurité cette fois-ci : Fullmark. « Elle se fonde sur la prévention et sur le comportement sécurité : la légère hausse d’accidentologie que nous avons enregistrée au début de l’entrée dans la nouvelle usine alors même qu’elle allait plus loin sur le sujet que l’ancienne, montre bien que le facteur humain reste déterminant », relate Pascal Jullien. Fullmark stipule de définir un thème prioritaire par mois. Chez EMI, les chefs d’équipe et cadres l’exposent à leurs collaborateurs lors d’un quart d’heure dédié à la sécurité et il est relayé par de l’affichage et diverses initiatives, avant un débriefing en fin de mois. Travaux en hauteur, règles d’évacuation pour cause d’incendie, circulation des chariots, tri-propreté constituent quelques exemples déjà sélectionnés par la PME alsacienne.

(1) Alsace-Moselle, Bretagne, Centre-Val de Loire, Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, Réunion.

Auteur

  • Mathieu Noyer