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Discrimination : Six Européennes sur dix confrontées au harcèlement sexuel

L’actualité | publié le : 21.10.2019 | Nathalie Tran

Les portes des entreprises ne protègent pas les femmes des agressions sexuelles. Loin de là, selon une enquête publiée le 14 octobre par la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes (FEPS), 11 % des Européennes admettent avoir eu un rapport sexuel « forcé » ou « non désiré » au cours de leur carrière. En France, ce chiffre s’élève à 9 %.

L’étude menée par l’Ifop, deux ans après l’affaire Weinstein, auprès de 5 026 femmes de plus de 18 ans, dans les cinq plus grands pays de l’Union européenne (France, Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni), met en lumière l’ampleur des violences sexistes ou sexuelles subies par les Européennes dans la sphère professionnelle. En tête de liste : l’Allemagne (68 %) et l’Espagne (66 %), deux pays ayant pourtant connu à la fois des politiques volontaristes (par exemple un plan d’un milliard d’euros pour le pacte d’État contre la violence sexiste en Espagne, un plan d’action fédéral de 130 mesures en Allemagne en 2013) et des polémiques d’envergure nationale ayant sans doute accru la prise de conscience de l’opinion sur ces enjeux. La France arrive en queue de peloton (55 %) après le Royaume-Uni (57 %) et l’Italie (56 %). Ainsi, 60 % des Européennes interrogées ont déjà été victimes d’au moins une forme de violence sexiste au travail, dont 21 % au cours des douze derniers mois. Cela va du sifflement ou de gestes grossiers (26 % en ont été victimes à plusieurs reprises) à des remarques déplacées sur la silhouette ou la tenue (17 % en ont fait l’objet de manière répétée), voire des contacts physiques sur une zone génitale ou érogène au travail, comme des mains aux fesses (18 % des Européennes), jusqu’à des pressions afin d’obtenir un acte de nature sexuelle en échange d’une embauche ou d’une promotion (9 %).

Les moins de 30 ans

Les premières victimes sont les femmes de moins 30 ans : 66 % ont été confrontées à une forme de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle et 15 % d’entre elles ont déjà eu « un rapport sexuel forcé » ou « non désiré » avec quelqu’un de leur milieu professionnel.

Cette enquête brise néanmoins certaines idées reçues sur les caractéristiques des victimes ou le profil de leurs harceleurs. En effet, à part le cas de pressions psychologiques, type « promotion canapé », où le supérieur hiérarchique est en cause (34 %), les autres formes de violence sont soit le fait de collègues n’exerçant pas d’autorité hiérarchique – notamment les remarques gênantes sur le physique (à 46 %) ou les propos à connotation sexuelle (à 38 %) –, soit le fait de personnes extérieures comme des clients ou des fournisseurs (réception de cadeaux gênants, par exemple, à 61 %). En ce qui concerne les victimes, l’analyse détaillée de leur profil confirme notamment la corrélation entre habillement et harcèlement. C’est en effet parmi les femmes soumises à des règlements vestimentaires leur imposant le port d’une tenue de travail mettant en valeur leurs formes, leur poitrine ou leurs jambes (talon, tailleurs…) que l’on trouve le plus de femmes (33 %) ayant eu un rapport sexuel « forcé » ou « non désiré ».

Auteur

  • Nathalie Tran