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Défaillances d’entreprises : L’AGS se prépare à une crise à retardement

L’actualité | publié le : 21.10.2019 | Benjamin d’Alguerre

Attention, possible bombe à retardement ! Dans son rapport annuel 2018-2019, l’AGS – l’établissement géré par les organisations patronales qui assure la garantie des salaires des employés dont les entreprises sont en redressement ou en liquidation – tire la sonnette d’alarme sur les risques de fermetures d’entreprises à venir. En substance : malgré l’amélioration de la santé financière du pays qui s’est traduite en 2018 par une réduction de 4,2 % du nombre d’affaires ouvertes auprès de l’association (21 945, soit le retour à la situation pré-crise de 2008) et de 4 % des dépenses du régime (1,487 milliard d’euros), la crise des gilets jaunes pourrait avoir entraîné des conséquences délétères pour les entreprises qui ne seront observables que l’an prochain. « Malgré les dispositifs gouvernementaux ou inter-entreprises mis en place, le régime est en vigilance absolue et se prépare à une éventuelle vague de procédures collectives », prévient l’AGS. Pour l’instant, moins d’une dizaine de procédures ayant pour conséquence directe le mouvement des gilets jaunes a été enregistrée, mais les tribunaux de commerce attendent les bilans de juin pour mesurer l’étendue d’éventuels dégâts.

« Signaux faibles inquiétants »

S’ils sont le signe d’une baisse des liquidations et des redressements judiciaires en France qui n’avait plus été vue depuis 2001, les chiffres de 2018 présentent tout de même des signaux faibles inquiétants : d’une part, parce que les affaires ouvertes donnant lieu à une intervention financière de l’AGS, pour assurer le versement des salaires des collaborateurs des entreprises en faillite, laisse entrevoir une légère progression en 2018 qui pourrait être moins faste que prévue. Ensuite, parce que la proportion d’entreprises de plus de 100 salariés recourant aux services de l’AGS a connu une petite hausse en 2018 par rapport à 2017 (129 contre 112). Or, si ces entreprises représentent moins de 1 % de celles qui sollicitent l’AGS, elles représentent davantage de salariés concernés que les plus petites. En 2018, 18 % des fonds débloqués par le régime ont été ainsi fléchés vers ces entreprises, dont 42 % étaient situées en Ile-de-France. Bref, « un contexte économique en demi-teinte », comme le résume l’AGS.

Le bâtiment, n° 1 des défaillances

Côté typologie, 63,1 % des affaires ouvertes concernaient des cas de liquidation judiciaire, 35,7 % de redressements et 1,2 % de sauvegardes. En 2018, les plus fortes baisses de demandes d’avances de trésorerie à l’AGS s’enregistraient (en proportion) en Corse (– 18,8 %), PACA (– 10 %), AURA (– 8,8 %) ; Grand Est (– 5,5 %) et Ile-de-France (– 5,2 %). À l’inverse, les régions du Centre et du Grand Ouest ont davantage sollicité le régime : + 3,1 % en Centre-Val-de-Loire et + 2,4 % en Bretagne. Le bâtiment est le secteur le plus représenté, année après année, dans les affaires AGS (23,4 %), suivi par le commerce (19,6 %) et l’hébergement-restauration (15,2 %). Bref, si la tendance est bonne, les organisations d’employeurs qui gèrent le régime demeurent sur le qui-vive, d’autant que le climat en interne est toujours maussade suite à la plainte de deux confédérations patronales (Medef et CPME) contre l’ancienne direction du régime, accusée de malversations…

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre