logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Prévention : La CGT expérimente son appli QVT

Sur le terrain | publié le : 07.10.2019 | Dominique Perez

Avoir une meilleure vision de la qualité de vie au travail telle qu’elle est ressentie par les salariés grâce à un outil de diagnostic simple à la portée de tous, c’est l’objectif d’une application que la CGT souhaite diffuser largement.

À l’occasion de la Digital Week organisée à Nantes du 12 au 22 septembre 2019, le premier bilan d’une application QVT (qualité de vie au travail) a été présenté par la CGT. Cet outil fait partie de la campagne Construire le numérique autrement lancée par le syndicat et soutenue par l’Anact dans le cadre du programme Fact (Fonds pour l’amélioration des conditions de travail). Les représentants du personnel d’une demi-douzaine d’entreprises, dans des secteurs d’activité différents, l’ont déjà utilisée.

« Cette appli qui concerne la santé et la QVT offre la possibilité de faire un autodiagnostic, mais l’enjeu est surtout qu’elle puisse être utilisée par une section syndicale, un représentant du personnel, la médecine du travail, voire une direction d’entreprise… sur des groupes, des collectifs de travail de plus ou moins grande taille », explique Matthieu Trubert, co-animateur du collectif numérique Ugict (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT), qui l’a développée. Elle permet d’évaluer la situation d’un groupe donné, mais aussi de comparer des collectifs, en faisant des corrélations. « Exemple : mesurer la QVT dans un service qui est concerné par le lancement d’un projet pilote, qui a changé son mode d’organisation, et effectuer la même démarche dans un autre collectif, qui reste sur l’organisation antérieure. » Nous pouvons comparer les deux, et ensuite analyser les raisons qui font par exemple qu’il y a une dégradation de la QVT à un endroit, et pas à l’autre. »

L’outil de diagnostic, qui a servi de base à l’application, a été réalisé d’après les modèles de Karasek et Siegrist, qui évaluent les contraintes psychosociales de l’environnement de travail. Conçu sur quatre axes (niveau d’exigence, niveau d’autonomie, niveau de soutien des collègues et managers, niveau de reconnaissance), comprenant chacun une douzaine de questions, il permet de visualiser, grâce à des schémas en trois dimensions, la situation du salarié par rapport à ces critères, et d’avoir immédiatement une idée de la zone dans laquelle il se trouve (de vert, sans problème, à rouge, zone dangereuse, en passant par orange, zone d’alerte).

Simplicité

« Le fait de pouvoir visualiser les résultats concernant non un seul individu mais plusieurs dans un même collectif de travail ou entreprise nous permet de contrecarrer par exemple l’argument des difficultés personnelles pour expliquer le malaise d’un salarié, explique Sophie Fernandez, qui a testé l’outil dans le groupe de presse où elle est représentante du personnel. Les représentants du personnel ne sont pas des spécialistes de la santé, et le fait que l’on puisse disposer d’un outil simple d’utilisation pour élaborer un diagnostic nous permet de mieux accompagner les salariés, et d’avoir une vision plus précise des difficultés dans un collectif de travail. » L’anonymat est évidemment respecté du début à la fin du processus.

Un rôle dans le dialogue social ?

Si des médecins du travail commencent à s’intéresser à l’outil, les directions d’entreprise seront également bientôt informées et sollicitées. S’en empareront-elles, utiliseront-elles les résultats comme base de discussion autour de la QVT avec les partenaires sociaux ? Pour l’Anact, l’espoir est permis. L’un des potentiels importants de l’appli QVT, pour Ludovic Bugand, chargé de mission Anact, est qu’elle peut « participer à réinstituer un dialogue social sur le sujet, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui. Des ressources et des outils sur ce thème peuvent représenter un point d’ancrage intéressant pour rendre possible ce dialogue. La question des transformations numériques et de leurs impacts est particulièrement sensible. Il est temps d’ouvrir cette boîte noire en étant outillé… » L’utilisation du numérique pour évaluer les risques psychosociaux liés à la généralisation des nouvelles technologies représente « une sorte de pirouette, selon Sophie Binet, cosecrétaire générale de l’Ugict. Car c’est aussi montrer que le numérique peut être un levier en matière d’action syndicale, porter de nouvelles fonctionnalités, mettre en valeur les relations de l’individu avec le collectif, permettre la prévention de la souffrance au travail. » Le travail de déploiement de l’appli QVT ne fait donc que commencer pour le syndicat.

Auteur

  • Dominique Perez