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Organisation du travail : Love Radius, moins de temps pour moins en perdre

Le point sur | publié le : 07.10.2019 | Lys Zohin

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Organisation du travail : Love Radius, moins de temps pour moins en perdre

Crédit photo Lys Zohin

Depuis trois ans, de mai à août, cette PME toulonnaise spécialisée dans la vente de porte-bébés comprime le travail de sa vingtaine de salariés sur quatre jours. Un système plus facile à mettre en œuvre dans certains métiers que dans d’autres, prévient toutefois le PDG, Olivier Sâles.

Fini la plage le vendredi… La vingtaine de salariés de Love Radius, une société spécialisée dans la vente de porte-bébés basée à Toulon, a repris, au 1er septembre, le chemin… de la semaine de cinq jours. Mais de mai à août, en revanche, les collaborateurs ont profité d’une semaine de quatre jours. Cela fait trois saisons que Love Radius, créée en 2006, pratique la semaine raccourcie pendant l’été.

« Je n’ai rien à voir avec cela ! », se défend Olivier Sâles, le PDG de la société. S’il s’intéresse effectivement à différentes formes de management et d’organisation du travail, ce patron n’a fait qu’observer le résultat d’une initiative spontanée de la part de ses salariés. À la faveur d’un mois de mai particulièrement riche en ponts en raison de jours fériés, ils s’étaient eux-mêmes organisés pour effectuer leur travail sur quatre jours. « Je croyais que nous allions être en surchauffe, mais pas du tout !, relève le PDG. Nous avions donc un truc en or dans les mains, il fallait s’en servir ! »

Satisfaction garantie

Après avoir analysé les résultats de l’expérience de la société américaine Basecamp, qui pratique la semaine de quatre jours l’été, et relu les ouvrages sur la gestion du temps de l’Américain David Allen, consultant en productivité, il a formalisé ce dispositif estival.

Avec des avantages évidents : « Nous perdons moins de temps, puisque nous en avons moins à perdre. Nous ne faisons plus de réunions inutiles ni de blabla et nous sommes plus créatifs dans le temps imparti », dit-il. Selon lui, ses salariés sont satisfaits d’avoir été pendant l’été plus efficaces, plus autonomes dans l’organisation du travail, et d’avoir atteint les objectifs du jour, sans oublier une autre « satisfaction », celle de retrouver un jour de plus pour les activités à partir de septembre…

Toute l’entreprise fonctionne sur une semaine de quatre jours pendant l’été, mais l’entrepreneur toulonnais constate toutefois qu’il est plus facile de la mettre en place pour des postes « mécaniques », comme la préparation des commandes, le salarié connaissant les dates butoirs et les heures d’arrivée des camions de transport, par exemple, que pour des tâches tertiaires. « Pour du développement informatique, c’est moins évident », concède-t-il. Il a donc décidé de former ses managers afin qu’ils puissent aider les équipes tertiaires à isoler les points les plus importants et diviser les tâches en objectifs intermédiaires, à l’échelle de la journée. De cette façon, les collaborateurs concernés peuvent eux aussi obtenir la même satisfaction que les autres, à savoir l’atteinte de leurs objectifs quotidiens pendant l’été.

Ni carotte ni outil de marketing

Olivier Sâles fait désormais une piqûre de rappel une fois par an aux managers en insistant sur la nécessité de fractionner les tâches, avec pour corollaire une meilleure implication des équipes et une satisfaction plus forte, et même plus tangible, qu’une prime, « qui ne servirait que de carotte », dit-il. Autrement dit, la semaine de quatre jours sert de révélateur, voire d’aiguillon, pour un management plus efficace et un engagement plus fort.

« Cela peut entraîner un changement profond dans les organisations, non seulement en matière de management et de sens pour les équipes mais aussi d’égalité », précise le PDG. Ce qu’il entend par égalité, c’est le fait que tout le monde, quel que soit son statut, se retrouve à la tête d’une même quantité de temps, une même ressource, donc, et la partage de la même façon, sur quatre jours. Du temps supplémentaire pour les loisirs, l’été, et qui est « gratuit », qui plus est. De fait, relève Olivier Sâles, le dispositif revient à offrir 3,9 semaines de dispense de présence par an. Un avantage de poids. En revanche, une prime aurait été assortie de cotisations sociales et patronales. « Je ne pourrais pas me permettre de telles largesses si je devais payer les charges sociales afférentes à une prime », tranche-t-il.

Si Olivier Sâles évoque la semaine estivale de quatre jours lors d’entretiens d’embauche, c’est avant tout pour vérifier que les candidats sauront s’adapter. « Nous ne mettons pas cette différence en avant, ce n’est pas un outil marketing, et si une lettre de motivation ne mentionnait que cela, je serais pour le moins circonspect », conclut-il.

Auteur

  • Lys Zohin