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Emploi : Le ministère du Travail revoit ses priorités pour 2020

L’actualité | publié le : 07.10.2019 | Benjamin d’Alguerre

Le projet de loi de finances 2020 prévoit une réaffectation des ressources de la mission Travail et emploi. Si l’IAE, les emplois francs, le PIC et les entreprises adaptées y gagnent, les emplois aidés en seront les principales victimes collatérales.

La transformation structurelle du budget du ministère du Travail a débuté. « On va réduire les dépenses pas assez efficaces au profit d’investissements plus dynamiques », prévient la rue de Grenelle, à la veille de la présentation des crédits de la mission Travail et emploi en Conseil des ministres à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances 2020.

L’an prochain, l’enveloppe allouée à l’action du ministère du Travail devrait se monter à 12,2 milliards d’euros. Soit le premier budget qualifié de « stabilisé » par les services de Muriel Pénicaud après trois années de turbulences qui auront vu les ressources diminuer de 18 %, soit de 3 milliards d’euros. Mais pour aboutir à cette « transformation structurelle », l’État aura taillé dans le vif : ce sera la fin de la prime à l’embauche pour les TPE-PME (des aides aux entreprises pouvant se monter jusqu’à 4 000 euros par nouveau contrat signé). Mises en place durant le précédent quinquennat, elles s’étaient prolongées jusqu’à la fin 2017. Mais c’est surtout la division par cinq du nombre de contrats aidés en 2020 qui retient l’attention.

Insertion

Le coup d’arrêt à ces dispositifs permettra au ministère du Travail de réaffecter ses ressources. En premier lieu, en direction du « plan pauvreté » dévoilé par la ministre début septembre. Dans ce cadre, les dotations au secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) se verront accorder un sérieux coup de pouce d’un milliard d’euros.

« C’est historique ! », prévient le ministère. En l’occurrence, cette enveloppe sera affectée au financement des aides au poste pour 20 000 nouveaux contrats en 2019, venant s’ajouter aux 155 000 déjà en vigueur. Soit 175 000 contrats en tout, répartis entre les quatre familles de l’IAE (ateliers et chantiers d’insertion, entreprises d’insertion, entreprises de travail temporaire d’insertion et associations intermédiaires), soit une nouvelle étape vers l’objectif des 240 000 contrats que s’est fixé l’exécutif d’ici la fin du quinquennat.

Les emplois francs bénéficieront également de ces nouvelles dotations. Ce dispositif, lancé en 2017, vise à accorder une aide de 5 000 euros par an à toute entreprise acceptant d’embaucher un demandeur d’emploi issu d’un quartier prioritaire de la ville (QPV). Après une première expérimentation en 2017 portant sur dix quartiers, puis sur la moitié des quartiers classés QPV en 2018, l’opération a atteint son rythme de croisière en 2019 en embrassant tous les territoires relevant de cette catégorie.

L’objectif fixé était de 20 000 contrats fin 2019.

On en compte aujourd’hui 12 000, « mais vu la montée en puissance du dispositif, on atteindra les 20 000 d’ici la fin de l’année », affirme-t-on dans l’entourage de la ministre. Avantage des emplois francs par rapport à d’anciennes expérimentations comme les emplois d’avenir : ils concernent à 70 % des CDI dans le secteur marchand, jugés plus pérennes que les anciens contrats aidés. Le gouvernement en projette 40 000 d’ici la fin du mandat et, pour 2020, la facture s’élèvera à 400 millions d’euros.

Investissement pour les compétences

Les autres coups de pouce financiers seront accordés respectivement aux entreprises adaptées et au plan d’investissement dans les compétences (PIC). Les premières devraient se voir attribuer 400 millions d’euros avec pour ambition de doubler le nombre de travailleurs handicapés qu’elles emploient (passant ce nombre à 80 000 en 2020).

Quant au PIC, qui prévoit de former 2 millions de personnes d’ici 2022 (1 million de chômeurs éloignés de l’emploi et 1 million de jeunes sans qualification), il entrera dans le dur avec une année de démarrage. 2,5 milliards d’euros y seront affectés dont 870 millions d’euros par l’État, le reliquat provenant de la contribution de 0,3 % sur la masse salariale des entreprises gérée par les partenaires sociaux.

Un bémol pour l’intérim d’insertion

Si le ministère du Travail se félicite que les crédits pour l’insertion par l’activité économique atteignent le milliard d’euros dans le PLF pour 2020, les acteurs du secteur voient le verre à moitié plein. Des verrous administratifs comme l’agrément délivré par Pôle emploi pour chaque contrat sont, certes, supprimés. Mais les grands réseaux (Réseau Adecco d’insertion, groupe ID’EES…) déplorent que l’aide de l’État pour l’intérim d’insertion (plus de 13 000 salariés) soit réduite de 10 % (de 3 500 à environ 3 000 euros par contrat). Lors de la présentation du Pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique le 10 septembre, ils ont d’ailleurs plaidé auprès d’Emmanuel Macron et de Muriel Pénicaud pour que la diminution des aides soit étalée a minima sur deux ans.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre