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« La RSE doit être un état d’esprit avant tout »

Le point sur | publié le : 30.09.2019 | Lys Zohin

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« La RSE doit être un état d’esprit avant tout »

Crédit photo Lys Zohin

Isabelle Rey-Millet a travaillé pendant vingt ans dans de grandes entreprises, dont le groupe Lafarge. Depuis dix ans, elle fait du conseil en management. Elle a notamment lancé « les Rebelles du management », un programme de formation multi-entreprises (PME, start-up et grandes sociétés) visant à changer de posture et partager les bonnes pratiques pour faire grandir les talents à l’intérieur des organisations.

Y a-t-il un regain d’intérêt pour la RSE ?

Isabelle Rey-Millet : Oui, mais encore faut-il savoir quelle en est la motivation. Les entreprises veulent-elles simplement répondre à une mode, en se disant qu’il faut faire de la RSE, alors elles en font, et mettent le tampon RSE sur diverses activités ? Cette dilution est d’ailleurs un vrai danger pour la RSE. Et s’il s’agit de vouloir simplement redorer le blason de la RSE, il est clair que ces entreprises échoueront ! Au contraire, si leurs initiatives reposent sur une nouvelle éthique dans les affaires, le concept, en englobant une responsabilité plus large, est plus prometteur. Les entreprises ont intérêt non pas à « utiliser » la RSE, mais à se mettre véritablement « au service de la RSE ». Il s’agit de se sentir responsable, en tant qu’entreprise, de l’impact produit. Cela vaut pour l’environnement, mais aussi pour l’économie, la gouvernance, l’accueil de la diversité, le dialogue social, le management…

La RSE doit donc être un état d’esprit avant tout, qui imprègne toutes les activités des organisations, avec un alignement entre les paroles et les actes. Et évidemment, elle doit être impulsée par une direction exemplaire – si les actionnaires, par exemple, ne sont pas du tout intéressés, cela ne marchera pas – et relayée par le management jusqu’aux équipes. Au-delà de l’environnement, aspect extérieur le plus cultivé, la RSE doit donc maintenant se diffuser à l’intérieur des entreprises. Cela existe, mais cela doit se déployer davantage.

Y a-t-il une demande de la part des salariés ?

Oui, en particulier chez les jeunes, qui ont une vraie demande vis-à-vis des entreprises en matière de RSE. Ce que ces jeunes collaborateurs recherchent, ce sont des actions claires, affichées et concrètes. Cette génération qui entre aujourd’hui sur le marché du travail et sera aux manettes demain, a une véritable capacité à dire, à relayer la parole grâce aux réseaux sociaux, à se mobiliser. Appelez cela l’effet Greta Thunberg, si vous voulez… Toujours est-il que cette nouvelle génération veille au grain, sait parfaitement décrypter les discours et fait preuve d’une nouvelle exigence. Elle a des convictions profondes, acquises dès la petite enfance, sur l’environnement, la diversité, la justice sociale. La RSE est un vrai sujet pour elle.

La RSE a été à la mode, puis quelque peu oubliée. Le mouvement actuel vous paraît-il irréversible ?

I R-M. : Sans doute, et pour plusieurs raisons. L’étau se resserre. Sur l’environnement, on sait désormais que l’humanité a dix ans pour régler le problème du réchauffement climatique, après, il sera trop tard. De même, certaines crises, comme celle des subprimes, ont montré le danger des dérives financières, et là aussi, des limites ont été posées. L’étau s’est donc là aussi resserré. Enfin, concernant les aspects sociaux et sociétaux, la réglementation s’est durcie, que ce soit en matière de lutte contre le harcèlement et contre la discrimination, avec notamment la mise en place de l’index sur l’égalité professionnelle femmes-hommes en France. Des garde-fous existent donc aussi dans ces domaines. Tout cela a de quoi renforcer les actions de RSE dans les entreprises. D’autant que je note, en tant que professeure à l’Essec, une demande du côté académique, pour former les étudiants et futurs managers à la RSE. Enfin, le mouvement B Corp, lancé aux États-Unis en 2006 et fondé sur trois principes : people, planet et profit (bénéfices pour l’entreprise mais aussi pour la société dans son ensemble en ce qui concerne le mot profit) commence à se développer en France.

Auteur

  • Lys Zohin