logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le fait de la semaine

« La place de l’employeur est centrale dans le processus de transformation des compétences »

Le fait de la semaine | publié le : 30.09.2019 | B. d’A.

Pour adapter les compétences de leurs salariés à la nouvelle donne numérique et robotique, les entreprises vont devoir développer une culture de la formation tout au long de la vie. Et se montrer motrices du changement.

Y a-t-il une prise de conscience relative à l’adaptation des compétences à la transformation digitale et robotique des emplois ?

Oui, mais elle est assez récente. L’étude CEO Survey que PwC réalise chaque année depuis 22 ans auprès de 1 400 chefs d’entreprise pour sonder leurs préoccupations, révèle que cette prise de conscience est encore nouvelle dans les esprits. En 2011 ou 2012 encore, il s’agissait d’une thématique très mineure, reléguée loin derrière d’autres préoccupations comme la réglementation. Aujourd’hui, 80 % des dirigeants interrogés avouent leur inquiétude quant aux conséquences d’un déficit de compétences pour leurs entreprises et s’interrogent sur les actions à mettre en place pour les pallier. C’est sur la base de ce constat que nous avons décidé de lancer Digital Skills Survey, orientée cette fois vers les salariés.

Les chiffres que vous publiez démontrent une certaine angoisse française – et occidentale en général – face à la robotisation et à la digitalisation de l’emploi. La récente réforme de la formation professionnelle est-elle, selon vous, de nature à répondre à cette question d’adaptation des compétences ?

On remarque effectivement une anxiété dans la plupart des pays développés alors que les émergents – Inde et Chine – voient le digital comme un Eldorado. La réforme de la formation peut-elle répondre aux enjeux ? En partie, mais tout dépendra du contenu des formations qui seront proposées. Il ne s’agira pas tant d’une remise à jour de l’offre, mais d’établir un vrai travail prospectif sur les emplois et les compétences pertinentes et nécessaires dont les entreprises auront besoin. Elles manquent de data analysts, de data scientists ou d’autres techniciens capables de travailler avec la robotique et l’IA. Au-delà des compétences technologiques, les entreprises auront également besoin des compétences humaines, les fameuses soft skills (intelligence relationnelle, savoir travailler en équipe…).

Dans cette nouvelle configuration, il faudra bien sûr former les salariés, mais les dirigeants doivent montrer l’exemple en se formant eux-mêmes et en étant capables de se montrer prescripteurs. Certains secteurs le font déjà : la banque, l’assurance, la logistique ou la grande distribution, par exemple, ont entamé de vraies réflexions sur les métiers de demain et les moyens de s’y adapter. La réforme met l’accent sur l’individualisation de l’accès à la formation, c’est une bonne chose, mais le défi premier, c’est de faire comprendre aux salariés que l’époque où l’on occupait deux ou trois métiers durant sa vie est terminée. On pourra en changer six ou sept fois ! Et pour s’y préparer, il faut un système efficient de formation tout au long de la vie.

Selon votre enquête, huit salariés français sur dix saisiraient l’opportunité de se former aux nouvelles technologies… si leur employeur le leur permettait. L’employeur reste au centre du processus de décision…

La place de l’employeur est effectivement centrale dans le processus de transformation des compétences. À ce titre, il est positif que la réforme ait placé l’entreprise au cœur du nouveau système d’apprentissage. Mais au-delà des dispositifs, les employeurs doivent surtout déployer une culture du développement des compétences au sein de leurs équipes. Les soft skills sont ainsi très recherchées et le seront encore plus demain. Plus le monde se digitalise, plus ces compétences seront essentielles. L’employeur n’est cependant pas le seul moteur de diffusion de cette culture apprenante. Les partenaires sociaux doivent aussi se saisir du sujet.

Auteur

  • B. d’A.