Opcommerce s’attend à traverser une période de turbulences. Non à cause d’une gestation difficile ou conflictuelle consécutive à la séquence du « mercato » de 2018-2019 (l’Opco s’est constitué autour de l’ex-Forco rejoint par six nouvelles branches du commerce de proximité) ou d’un manque d’homogénéité de son périmètre, mais parce que la réforme rebat à grande échelle les cartes de ses fondamentaux. Particulièrement en matière d’alternance où ses habitudes se retrouvent chamboulées. « Chez nous, l’apprentissage et la professionnalisation se côtoyaient peu. Il s’agissait de deux dispositifs parallèles mais dont la gouvernance était sensiblement différente », expliquait son délégué général, Philippe Huguenin-Génie, le 24 septembre à l’occasion d’un point presse de rentrée. Pour preuve : il existait jusqu’à présent 19 000 contrats d’apprentissage dans le périmètre de l’ex-Opca mais sur lesquels il n’exerçait pas de gestion directe. En janvier prochain, Opcommerce va prendre en charge… 27 000 contrats, aux tarifs récemment définis par France Compétences. « Un vrai défi pour notre secteur : dans le commerce, personne ne dispose de son réseau d’organismes de formation », abonde Marie-Hélène Mimeau, vice-présidente (FCD) de l’Opco. Souci cependant : pour l’heure, le décret qui précisera le prorata de la prise en charge financière des contrats d’apprentissage ou encore les modalités de versement des Opco aux CFA n’est pas encore paru. Et en l’absence de ces précisions, la prise en charge des nouveaux contrats du secteur risque d’être problématique pour 2020. L’autre inquiétude de l’Opco concerne l’évolution de la période de professionnalisation. Un dispositif particulièrement prisé par le secteur du commerce (65 942 stagiaires ont été formés par ce biais en 2018) mais remplacé, depuis le 1er janvier dernier, par la nouvelle « reconversion ou promotion par l’alternance », dite Pro-A. « À part pour la lutte contre l’illettrisme, le déploiement de Pro-A nécessite un accord de branche étendu. Nos 19 branches sont sur les rangs, mais le temps de mettre de tels accords en place, 2020 risque d’être une année blanche pour Pro-A », observe Marie-Hélène Mimeau. « Nous avons bien compris les critiques adressées à la période de professionnalisation et nous en tiendrons compte pour ne pas susciter de reproches identiques avec Pro-A, indique Chrystelle Derrien, présidente (CFDT) d’Opcommerce. Mais pour l’instant, faute d’accords étendus, son déploiement connaît une pause… »