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Les clés

La mode start-up, ou l’envers du décor de l’innovation digitale

Les clés | À lire | publié le : 23.09.2019 | Lydie Colder

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La mode start-up, ou l’envers du décor de l’innovation digitale

Crédit photo Lydie Colder

La « start-up nation » à la française, tant vantée par Emmanuel Macron pour prendre le virage de l’économie du numérique ? C’est peu dire qu’Antoine Gouritin ne croit pas en ce modèle de prospérité. Dans cet essai au vitriol, l’auteur dénonce les dérives de cette culture qui gagne jusqu’aux entreprises.

Comment se fait-il que « l’esprit start-up » soit érigé en modèle en France alors que les critiques pleuvent sur les licornes de la Sillicon Valley ou sur la nuisance des plateformes ? Si la polémique n’est pas nouvelle, ce livre d’Antoine Gouritin sur « le fantasme du startupisme » enfonce le clou. Un brûlot sur le modèle des start-up. L’ex-journaliste, lui-même créateur dans le numérique, dénonce l’influence des fausses idées « inspirantes » venues des États-Unis, qui pousserait selon lui des jeunes diplômés en France à créer leur start-up sans talent d’entrepreneur. Auscultant les financements aux États-Unis, l’auteur n’y va pas de main morte « sur le discours marketing » qui primerait davantage « pour lever des fonds » que la qualité réelle du projet d’une start-up. Quant à la France, malgré les promesses politiques et les financements publics, il affirme que l’argent ne suivrait pas, ni l’emploi. Un état des lieux hélas très subjectif qui, hormis quelques exemples, manque cruellement d’arguments et de chiffres.

Entreprises, le « folklore » des start-up

À l’heure où les entreprises prennent le virage du numérique, le livre, quoique radical, est plus intéressant sur cette « quête de la transformation digitale ». L’auteur interroge les limites de cette mode « du startupisme » qui se répand dans les grands groupes. Un tour d’horizon plutôt dubitatif, sur l’utilité des hackatons ou de l’open innovation, « où il ne se passe généralement rien une fois ce temps de prototypage écoulé, qui justifie le fait de faire travailler des prestataires contre de la visibilité ». Idem pour l’intrapreunariat numérique (il cite le cas de la BNP) ou la nouvelle vogue de la « start-up studio », où les équipes métiers travaillent avec une jeune pousse afin de créer un produit. Au-delà de l’effet d’image, « il est difficile d’y voir clair » sur la concrétisation réelle des projets, avoue-t-il. Pourquoi les entreprises qui ont les moyens n’embauchent-elles pas des talents en interne pour innover ? Quid de la réflexion sur l’intérêt du digital ou sur l’évolution des métiers, « absente » du discours selon l’auteur ? Bien que virulent, l’essai donne à réfléchir au sens réel de l’innovation…

Auteur

  • Lydie Colder