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« Doubler le nombre d’apprentis sans 1 m2 supplémentaire »

Le point sur | publié le : 23.09.2019 | Benjamin d’Alguerre

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« Doubler le nombre d’apprentis sans 1 m2 supplémentaire »

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Si l’enseignement chez les Compagnons du Devoir reste associé au modèle classique du CFA « dans les murs », le réseau ne s’interdit pas d’expérimenter de nouveaux modes d’apprentissage moins conventionnels. À l’image du dispositif Appie mis en place en 2017.

Pourquoi les expériences de CFA « hors les murs » sont-elles rares au sein de votre réseau ?

Ce n’est pas dans la tradition des Compagnons du Devoir. Notre réseau est, de longue date, structuré autour d’un organisme gestionnaire national qui chapeaute l’ensemble de nos CFA. Ce modèle est en train d’évoluer, cependant, avec la création d’une unité gestionnaire par région afin de rapprocher notre offre des besoins territoriaux. Pour autant, l’apprentissage « hors les murs » ne nous est pas étranger. Nous avons dû développer, ces dernières années, des dispositifs de ce type pour nous permettre de rester présents sur des formations peu demandées (plâtriers, certains métiers du cuir, etc.) Dans ce cas, nous contractons avec des entreprises qui disposent des plateaux techniques suffisants, pour mettre en place, directement chez l’employeur, des formations appropriées. Ce système fonctionne plutôt bien et la réforme nous offre l’occasion de déployer davantage cette formule.

Le déploiement d’Appie (Apprentissage par immersion en entreprise) s’inscrit-il dans le développement d’une démarche « hors les murs » ?

Oui. Nous l’avons lancé en septembre 2017, avant même que la réforme de Muriel Pénicaud soit mise en chantier, avec un objectif : doubler notre nombre d’apprentis… sans doubler notre surface de formation ! Autrement dit : former 20 000 jeunes par an (au lieu des 10 000 actuels) dans les CFA du réseau à l’horizon 2022, sans construire un seul mètre carré supplémentaire. Aujourd’hui, 200 jeunes sont engagés dans un tel cursus, sur des diplômes de CAP et, à l’issue des premières promotions, nous enregistrons un taux de réussite au diplôme de 98 %.

Sur quelle formule ce dispositif repose-t-il ?

Appie place l’entreprise au cœur du dispositif. Les jeunes engagés dans cette voie ont souvent 20 ou 21 ans. C’est-à-dire qu’il s’agit d’individus qui, après un baccalauréat général voire quelques années en licence, choisissent de s’orienter vers un métier par la voie de l’apprentissage. L’intérêt de la démarche Appie est de s’adresser à un public qui a réellement choisi le métier vers lequel il se dirige au lieu d’avoir été orienté par défaut vers l’apprentissage après une situation d’échec scolaire. Ce qui est malheureusement souvent le cas des jeunes de 16 ans. Il s’agit donc d’un public particulièrement concerné par ce dispositif d’immersion renforcé en entreprise et d’apprentissage en situation de travail.

Il n’est cependant pas question de les jeter sans préparation dans le grand bain ! L’accompagnement est la clé de la réussite d’Appie : accompagnement renforcé par les maîtres d’apprentissage qui sont formés en amont pour déterminer quelles situations de travail deviendront apprenantes et accompagnement des jeunes via la présence une journée par mois d’un formateur chez l’employeur. Au cours du parcours du jeune apprenti, le maître d’apprentissage doit identifier un certain nombre de situations permettant de jauger l’acquisition des compétences. Celui-ci est évalué sur sa maîtrise de ces compétences : il doit évaluer le contexte dans lequel elle a été mobilisée et le notifier dans un « mémoire de formation » qu’il présentera à la fin de son cursus. Au total, l’apprenti réalise six séjours en CFA durant ces deux années, ce qui lui permet de consolider les connaissances acquises et, au besoin, à remédier à d’éventuelles lacunes. Appie est aussi un dispositif adapté à l’enseignement numérique à distance, notamment sur l’apprentissage des « gestes métiers ». Là encore, la réforme nous offre l’occasion d’envisager un déploiement à plus grande échelle.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre