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Japon : Les pères se rebiffent contre le “pata-hara”

L’actualité | publié le : 23.09.2019 | L. Z.

Les premières audiences viennent de se tenir, dans le cadre d’un procès inédit, celui d’un père qui a pris son congé paternité – et s’est vu sanctionné par son employeur. Certes, la loi japonaise offre aux hommes comme aux femmes jusqu’à un an de congé parental. Elle n’inclut pas la garantie de percevoir un salaire de la part de l’employeur, mais prévoit des aides gouvernementales pendant le congé. Le premier plaignant, un spécialiste de la vente chez Asics, qui avait l’habitude de fréquenter les athlètes, s’est vu, assure-t-il dans les documents qu’il a remis au tribunal, confiné à des tâches subalternes dans les espaces de stockage, après avoir pris un congé paternité en 2015, à l’occasion de la naissance de son premier fils.

La pratique, celle du harcèlement pour prise de congé paternité, a même un nom, le « pata-hara ». Très répandue, elle explique pourquoi seuls 6 % des pères qui pourraient prendre un congé parental le font, selon les chiffres officiels. Ce qui est moins commun, c’est, dans un pays qui révère le dévouement des salariés à leur employeur, le fait qu’un salarié se soit rebellé et poursuive son employeur en justice. Un autre, Glen Wood, un Canadien qui travaillait comme broker chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley, cherche quant à lui, par le biais d’une action en justice, à être réintégré après avoir été licencié l’an dernier. Un licenciement dû, selon lui, au congé paternité qu’il avait pris après la naissance d’un bébé prématuré. D’autres sociétés au Japon, comme une filiale du géant électronique NEC et le chimiste Kaneka Corp, ont elles aussi été accusées de « pata-hara ». Et à une pétition mise en ligne pour le soutenir, Glen Wood a recueilli des milliers de signatures, souvent assorties de témoignages, émanant principalement de jeunes pères, qui ont subi le même sort.

Face à cette culture de refus du congé paternité de la part du management dans les entreprises, l’actuel gouvernement, inquiet de la baisse de la natalité, veut porter la prise de congé à 13 % des pères l’an prochain, et réfléchirait même à rendre le congé parental obligatoire.

Auteur

  • L. Z.