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Égalité femmes – hommes : Muriel Pénicaud décerne un « peut mieux faire » aux entreprises

L’actualité | publié le : 23.09.2019 | Lys Zohin

La ministre du Travail a dressé un bilan des deux premières vagues d’entreprises, grandes et moyennes, qui ont calculé leur score à l’index égalité. Et même fait du name and shame pour quatre grandes entreprises qui n’ont toujours pas rendu public leur score.

« L’égalité, c’est 100 points, pas 75 ! » Muriel Pénicaud n’a pas mâché ses mots en dressant un premier bilan des deux vagues de publication des scores à l’index égalité femmes/hommes – les plus de 1 000 salariés, le 1er mars dernier, et les plus de 250 salariés, le 1er septembre. Dans les deux catégories, sur un ensemble de cinq critères, les entreprises doivent obtenir un minimum de 75 points sur 100. Or sur les 4 762 entreprises qui se sont pliées à la loi, seules 167 ont obtenu 99 ou 100 points. « Soit 3,5 % seulement de toutes les sociétés concernées. Sur 4 762 entreprises, seules 167 ont obtenu 99 ou 100 points à l’index égalité femmes-hommes », a-t-elle pointé. Très insuffisant pour la ministre du Travail.

D’autant que 17 % sont carrément en « alerte rouge », autrement dit, leur score s’affiche en deçà des 75 points minimum. C’est le cas pour 800 entreprises, qui auront tout intérêt à améliorer leur score. Mais d’autres renâclent et n’ont pas encore publié leurs résultats.

Muriel Pénicaud n’a pas hésité à pratiquer le name and shame, en pointant quatre entreprises de plus de 1 000 salariés qui se font toujours tirer l’oreille, malgré les mises en demeure : « l’Association bas-rhinoise d’aide aux personnes âgées (Abrapa), la société de collecte et de recyclage des déchets ménagers et industriels Sepur, dans les Yvelines, la Mutualité française Anjou-Mayenne et Jardel Services, une entreprise de transport et livraisons de Haute-Garonne », a-t-elle déclaré. Si elle entend bien se servir des 167 sociétés les plus vertueuses comme de role model – leurs noms apparaîtront sur le site du ministère – elle ne veut pas se priver « de la peur du gendarme » et jouer également sur l’attractivité des entreprises.

Retour de congé maternité

« L’immense majorité des entreprises doit progresser », souligne Muriel Pénicaud, en particulier lors du retour d’un congé maternité. Une entreprise sur trois ne respecte pas, selon elle, la loi de 2006 relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes qui stipule, en effet, qu’une salariée, à son retour de congé maternité ou d’adoption, a droit aux augmentations générales et à la moyenne des augmentations individuelles perçues durant son congé par des salariés relevant de la même catégorie professionnelle ou, à défaut, de la moyenne des augmentations individuelles dans l’entreprise…

Apparemment, nombre de sociétés « découvrent » la loi aujourd’hui, grâce à l’index…

Deuxième sujet de préoccupation, le fameux plafond de verre, qui fait qu’au-delà de la parité sur les salaires (encore inadéquate), l’égalité d’opportunités, en matière de promotion et d’évolution de carrière, laisse encore à désirer. Dans 25 % des ETI et 17 % des sociétés de plus de 1 000 salariés, les femmes n’accèdent pas aux postes à hautes responsabilités… Muriel Pénicaud mise sur le dialogue social, et, au-delà des NAO, sur les enveloppes qui seront à mettre en place pour régler au moins la question de l’égalité salariale à l’avenir.

En tout cas, « la dynamique est lancée », s’est-elle réjouie.

Les deux premières vagues d’entreprises qui ont dû afficher leurs performances avec l’index représentent trois millions de femmes. Et lorsque les 50 à 249 salariés entreront dans la danse, au 1er mars 2020, quelque 4,5 millions de femmes seront concernées.

Accompagnement renforcé

Le dispositif d’accompagnement des entreprises va être renforcé pour aider les quelque 29 000 sociétés concernées.

Une vingtaine de patrons de PME et d’ETI joueront le rôle de conseil et d’ambassadeur auprès des petites structures à travers la France. De son côté, l’administration ne se privera pas d’effectuer des contrôles. Au premier semestre de cette année, elle en a déjà réalisé plus de 4 000 sur le thème de l’égalité professionnelle.

Très remarquée à l’étranger, l’initiative française pourrait faire tache d’huile. Ainsi, l’équipementier Valéo a annoncé la mise en place de l’index au niveau de tout le groupe. Y compris, donc, à l’international.

Si, pour le premier calcul, seuls les cadres et les ingénieurs ont été pris en compte, « pour un meilleur contrôle des résultats », selon Grégoire Ast, le directeur des relations sociales du groupe, la moyenne des filiales de Valéo à l’étranger est ressortie à 79 %, la France arrivant du coup deuxième du classement, derrière l’Italie, a-t-il précisé.

Auteur

  • Lys Zohin