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Insertion : Le fonds Break Poverty pousse les entreprises à s’engager contre la pauvreté

Sur le terrain | publié le : 16.09.2019 | Dominique Perez

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Insertion : Le fonds Break Poverty pousse les entreprises à s’engager contre la pauvreté

Crédit photo Dominique Perez

Inciter les entreprises à lutter contre le « déterminisme social » : c’est l’objectif de la fondation Break Poverty, qui récolte des fonds auprès des entreprises pour aider des associations de terrain travaillant notamment dans le domaine de l’insertion.

Break Poverty a fait salle comble ce mardi 10 septembre à Nantes. Tout ce qui compte d’acteurs économiques dits « engagés », patrons et responsables RSE, est là aux côtés des représentants patronaux et de Nantes métropole, Centre des jeunes dirigeants, CPME, Medef, CCI, dirigeants responsables de l’Ouest, réseau Entreprendre… « Il y a un tissu hyperactif d’acteurs socio-économiques sur la question de la RSE, de l’engagement vis-à-vis du territoire, et la proposition de Break Poverty a pris tout de suite », souligne Laurence Bachelier, chargée de mission RSE à la délégation régionale d’EDF, dont la fondation est engagée dans l’opération.

Pas question de se cacher derrière le politiquement correct : le terme de pauvreté est totalement assumé par le fonds de dotation Break Poverty créé en octobre 2017 par Denis Metzger, un banquier d’affaires engagé dans des associations caritatives telles qu’Action contre la faim ou Droit d’urgence. Le principe ? Proposer aux entreprises de nourrir une dotation d’action territoriale (DAT), une allocation volontaire pouvant aller jusqu’à 2 % du résultat net de l’entreprise, affectée à des programmes de lutte contre la pauvreté et contre l’exclusion des jeunes, sur le territoire géographique de l’entreprise. « Cette proportion permet de financer des actions concrètes, expliquent ses fondateurs. L’entreprise décide elle-même d’allouer cette somme sur des projets de son choix, sur son territoire. »

Le dispositif bénéficie du soutien du gouvernement, et a été retenu dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.

Deux millions d’euros espérés

Après Romans-sur-Isère et Béthune, Nantes est la première grande métropole ciblée par la fondation. Un choix qui pourrait surprendre compte tenu du taux de croissance de la métropole nantaise et de sa présence dans le peloton de tête des villes attractives. « On peut effectivement se demander pourquoi ce choix de Nantes, admet Pierre Derieux, l’un des administrateurs de la fondation. La métropole a un taux de chômage plus faible (8 %) que la moyenne nationale, et un taux de pauvreté également plus bas : 11 % contre 14 % au niveau national. Mais dans les quartiers prioritaires, classés en politique de la ville, le taux de pauvreté est bien supérieur à celui de l’Ile-de-France ou de Lyon, par exemple, et place Nantes au même niveau que le département de Seine-Saint-Denis, le plus pauvre de France. » Dix-sept associations travaillant dans trois domaines (soutien à la petite enfance, prévention du décrochage scolaire et accès au premier emploi) ont été sélectionnées comme susceptibles de recevoir une aide des entreprises. À condition que la fondation puisse lever 2 millions d’euros sur trois ans, pour accompagner 10 000 jeunes des quartiers prioritaires. « Nous avons déjà collecté 180 000 euros, ce qui est un bon début, mais il reste du chemin à parcourir », constate Valérie Dhaler, directrice du fonds. Des chiffres qui relativisent l’engagement social des entreprises. « Elles peuvent jouer un rôle déterminant, or elles sont assez peu nombreuses sur ce terrain au niveau national. Si 9 % d’entre elles sont engagées dans des opérations de mécénat, 1,8 % seulement de ce pourcentage font du mécénat à caractère social, donc s’engagent dans la lutte contre les inégalités… », poursuit Valérie Dahler.

La relative « simplicité » du dispositif proposé par Break Poverty peut séduire des entreprises qui sont de plus en plus incitées par les pouvoirs publics, le monde associatif, les parties prenantes et par leurs salariés à s’engager dans des actions de RSE. Flécher des associations et des actions partenaires déjà auditées par la fondation pour proposer des actions concrètes peut faire gagner du temps. « Nous communiquerons au début de l’année 2020, en interne, sur l’engagement de l’entreprise dans le programme auprès des salariés, explique ainsi Laurence Chevalier, de la délégation régionale Pays de la Loire d’EDF. Ce sont les entreprises qui choisissent les actions et les associations qu’elles pourront accompagner, et nos salariés seront conviés à s’investir, comme ils le font déjà notamment avec la Cravate solidaire, l’une des associations retenues, qui fait appel aux entreprises et aux particuliers pour financer des vêtements de travail pour les demandeurs d’emploi. »

Auteur

  • Dominique Perez