De plus en plus d’entreprises, mais surtout des grandes, proposent un dispositif d’actionnariat salarié à leurs collaborateurs, révèle le 7e panorama Eres. Une façon de les fidéliser. Reste à embarquer les PME…
En diminuant notamment le coût de l’abondement (le forfait social passant de 20 % à 10 % et même à 0 pour les entreprises de moins de 50 salariés), la loi Pacte vise à développer l’actionnariat salarié dans les PME. Pour l’instant, les petites structures sont encore à la traîne. De fait, selon la 7e édition du panorama de l’actionnariat salarié d’Eres, spécialiste du domaine, 73,6 % des entreprises cotées ont des plans d’actionnariat pour l’ensemble de leurs salariés (contre une moyenne européenne de 46,6 %). Un gros tiers (36,5 %) de ces salariés sont actionnaires (contre 20,7 % en Europe), ce qui représente, selon Eres, un bon « taux de démocratisation » pour la France. Enfin, les salariés (non dirigeants) détiennent 3,8 % des sociétés cotées, contre une moyenne de 1,7 % en Europe. L’année 2018 a même été un grand cru, avec un record enregistré tant en ce qui concerne le nombre d’opérations que le volume. Ainsi, 38 opérations ont été menées par 34 entreprises de l’indice SBF 120. Le volume de ces opérations a été multiplié par deux depuis 2013, pour atteindre 3,4 milliards d’euros en 2018, le plus haut niveau jamais recensé.
En revanche, seules 4 % des PME françaises ont ouvert leur capital à leurs salariés. Les raisons invoquées vont d’une méconnaissance des dispositifs à des risques perçus en matière de dilution du pouvoir. Paradoxalement, 80 % des dirigeants de PME estiment que l’actionnariat salarié est « une bonne chose »…
Manifestement, les entreprises qui ont développé ce type de dispositifs présentent de bons indicateurs RH.
Selon l’étude Eres, les entreprises qui bénéficient d’une bonne culture en matière d’actionnariat salarié licencient moins (3,3 %) que celles qui pâtissent d’une faible culture dans ce domaine (5 %). De même, les premières connaissent moins de départs volontaires (6,9 % contre 9,6 %), ont un taux d’absentéisme légèrement plus faible (3,4 % contre 3,8 %) et offrent davantage d’heures de formation aux collaborateurs (18,9 heures contre 17,6 heures), tandis que le niveau d’ancienneté y est légèrement supérieur (10,2 ans, contre 10 ans).
« Investir dans le capital humain par le biais de l’actionnariat salarié a un impact en matière de fidélisation, conclut Pierre-Emmanuel Sassonia, directeur associé chez Eres Group, l’indicateur RH le plus pertinent étant celui des départs volontaires – seul indicateur résultant de la seule décision des salariés – et témoignant de leur attachement à l’entreprise.
L’actionnariat salarié permet de développer une culture d’entreprise forte et de fidéliser les talents, deux sujets qui préoccupent de plus en plus les responsables RH », souligne-t-il. L’intérêt pour l’actionnariat salarié de la part des collaborateurs est également, selon ce spécialiste, le signe d’une volonté de leur part de participer de cette façon aux décisions de l’entreprise.