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Sur le terrain

Conditions de travail : MSD France abat les cloisons

Sur le terrain | publié le : 09.09.2019 | Irène Lopez

La branche française du laboratoire pharmaceutique nord-américain Merck Sharp & Dohme (MSD) accueillait jusqu’à présent ses salariés en bureaux fermés et partagés. Consciente que les nouveaux modes de travail ne peuvent s’affranchir d’une refonte de l’espace, l’entreprise entame un virage à 360°. Elle mise sur des espaces totalement ouverts et signe la fin des postes attitrés.

C’est une révolution dans le landernau de l’univers pharmaceutique : MSD France transforme les espaces de travail de son siège, à Puteaux, en région parisienne. La centaine de collaborateurs concernés passent des bureaux classiques conçus pour le travail individuel à l’activity based working, c’est-à-dire qu’ils choisissent l’espace le plus approprié pour travailler en fonction de la tâche à réaliser. La raison de cette transformation ? La refonte des modes de travail : l’agilité est une priorité, on travaille en mode projet, les équipes sont « transverses ». Cette refonte repose également sur le recrutement de nouveaux profils : des digital analysts (analystes de données), un scrum master (celui qui maintient la motivation de l’équipe au plus près des objectifs stratégiques), un designer UX (concepteur d’interface de sites Internet d’après l’expérience utilisateur) et des community managers (animateurs de communautés sur Internet). Pour permettre à ces nouveaux profils de mener à bien leur mission, MSD a fait appel à JLL, cabinet de design et d’architecture. « Pour booster la collaboration, favoriser la prise d’initiative et libérer la créativité, un étage entier a été surplombé d’une mezzanine dédiée au travail collectif. On y trouve un espace zen, un lounge, une zone silence avec une bibliothèque », détaille Camille Rinieri, consultante recherche entreprises chez JLL.

Selon Régis Jolivet, directeur des ressources humaines de MSD France, « ce changement d’environnement de travail est l’opportunité pour nos collaborateurs de travailler différemment, avec une plus grande diversité d’espaces conçus pour faire évoluer notre culture et notre état d’esprit vers toujours plus de transversalité. » Camille Rinieri souligne que « ces initiatives renouvellent totalement la culture de l’entreprise vers plus d’intraprenariat. Pour plus d’horizontalité, personne n’a de place attitrée ».

Personne n’a de place attitrée

Le directeur des ressources humaines de MSD France rappelle que la transformation de l’organisation a été initiée en octobre 2018 avec la création d’un environnement de travail ouvert, « propice à la collaboration, une des valeurs clés de MSD ». Ces changements visent à satisfaire des salariés toujours avides de nouveauté. Une étude Human Experience menée par JLL sur les tendances des bureaux a été menée sur 7 300 répondants à travers le monde, dont 432 dans l’industrie pharmaceutique. Résultats, ces derniers sont moins intéressés que la moyenne par la grande entreprise : 33 % d’entre eux contre 44 % dans les autres secteurs. En revanche, ils vibrent pour les start-up (11 %) et l’entreprenariat (14 %), selon Flore Pradère, directrice recherche entreprises chez JLL. Ils sont aussi prêts à adopter les nouveaux modes de travail : 44 % des salariés en open space désirent passer en flex office (contre 39 % en moyenne).

Peur de perdre le pouvoir

Est-ce que cela convient à tous les collaborateurs ? Pour Flore Pradère, « les salariés qui sont aujourd’hui en bureau fermé, principalement des managers, ne sont pas prêts à passer en open space. Ceux qui sont en open space, davantage des subalternes, souhaitent passer en flex office. C’est donc plus difficile pour les managers qui ont le sentiment de perdre du pouvoir. Ils pensent qu’ils vont être interrompus sans cesse ». Parmi les verbatims recueillis : « Je n’ai plus ma bulle, je n’ai plus mon bureau qui révélait mon statut. » En outre, le manager va être au milieu de son équipe, observé, à la vue de tous. Camille Rinieri n’est pas surprise pour autant. Mais, selon elle, « un manager qui travaillait déjà en mode de confiance, de partage, d’autonomie des collaborateurs ne vivra pas ce changement de façon douloureuse. Ces nouveaux espaces rendront même son management plus confortable. Pour les autres, cela requiert beaucoup d’accompagnement et d’ouverture. Nous avons réalisé de nombreux ateliers pour faire toucher du doigt cette nouvelle réalité et sensibiliser la direction ». Pour sa part, Flore Pradère est convaincue que le message envoyé aux salariés est fort : « L’entreprise mise sur ses collaborateurs. Elle repense leurs outils de travail. Mais les bureaux ne se sont pas pour autant transformés en Disneyland. » Car la rentabilité reste l’objectif pour tous !

Auteur

  • Irène Lopez