McDonald’s franchit un pas de plus vers la digitalisation de son recrutement. Pour postuler en ligne, désormais, tout candidat intéressé par un emploi dans l’enseigne de restauration rapide n’aura plus besoin d’y déposer son CV. Pour convaincre le recruteur, il pourra participer à un jeu en ligne permettant de faire preuve des capacités recherchées par l’enseigne, ou encore se présenter en vidéo. À l’arrivée, ces candidatures parviennent directement aux directeurs ciblés. « Au lieu d’avoir une tonne de CV, le recruteur en restaurant a un dispositif intégré pour classer les candidatures, puis envoyer des SMS aux profils retenus, explique Hélène Leduc-Fonnesu, senior vice-présidente en charge des ressources humaines de l’enseigne de restauration rapide. Aujourd’hui, nous prenons un virage plus technologique, plus agile, car il est important que nous soyons reliés entre notre promesse employeur et la réalité des métiers en restaurant », ajoute-t-elle.

Ce nouveau processus a été testé depuis le mois d’avril auprès de restaurants pilotes avant d’être généralisé. En sept semaines, McDonald’s indique avoir reçu 400 000 candidatures, un chiffre que l’enseigne compare avec les 500 000 réceptionnées sur l’année 2018. Et, même s’il n’est pas obligatoire, 56 % des candidats ont joué au jeu cognitif conçu par la start-up GoShaba, spécialisée dans la préqualification de soft skills et dont l’objectif est de pallier « le manque de précision des CV » et « l’ennui provoqué par les tests psychotechniques classiques chez les candidats ».

Accessible en ligne, il consiste notamment en un jeu de réflexe visuel où le participant doit, parmi deux images de produits alimentaires circulant dans quatre cases, choisir celle qui est prévue pour être positionnée à cet endroit. Un premier test de préqualification par lequel McDonald’s cherche à évaluer les capacités de mémorisation, de concentration et d’adaptation. Quant au CV vidéo, il a vocation à révéler l’aisance et la présentation du candidat et in fine éviter des déplacements chronophages.

Cette évolution de la plateforme de recrutement numérique témoigne de la volonté de l’entreprise de s’adapter davantage aux usages et exigences des « millennials ». Mais derrière cette stratégie où la composante de marque employeur est très présente, il s’agit surtout pour McDonald’s – qui veut « créer » 2 500 CDI en 2019 – de répondre à ses enjeux business. Depuis l’arrivée des bornes de commande digitales, les équipiers dans les restaurants doivent plus que jamais muscler leurs compétences en relation client.

« Même si la marque est iconique et que nous ne manquons pas de CV, nous avons souhaité améliorer de façon très importante la qualité des candidatures en identifiant encore mieux les compétences », explique Hélène Leduc-Fonnesu. Avec la nouvelle plateforme, elle revendique des plans de recrutement bouclés plus rapidement. « Les directeurs de restaurants ont été surpris de voir qu’on pouvait attirer autant de candidatures pertinentes avec une très fine qualification des compétences. Ils n’ont plus d’enjeux de staffing », souligne Hélène Leduc-Fonnesu.

Pour les directeurs de restaurants, qui ont été préalablement formés, ces pratiques sont à l’origine d’une petite révolution. « Ce qui est complexe, c’est de faire en sorte que l’équipe de gestion en restaurant soit dans une logique de réactivité et de sélection efficace et se montre à l’aise avec l’outil d’entretien vidéo », poursuit la vice-présidente chargée des RH. Contrairement aux tolérances associées au CV papier, le digital implique en effet de devoir répondre beaucoup plus rapidement aux candidatures. Les résultats seraient déjà au rendez-vous : depuis le lancement de la plateforme, McDonald’s observe une diminution du temps de réponse moyen qui oscille aujourd’hui entre quelques heures et deux jours là où auparavant il était en moyenne de deux à trois semaines.