C’est la rentrée, scolaire mais aussi sportive. Ce qui signifie, pour Decathlon, un besoin accru de spécialistes, notamment dans les rayons de ses magasins – les vacanciers de retour ayant pris de bonnes résolutions… Que ce soit pour des CDD, des CDI, des temps partiels et même pour des cadres de haut niveau, la marque spécialisée dans la conception et la vente d’articles de sport, mise… sur le sport. Non seulement elle cherche à recruter des sportifs ou anciens sportifs qui sauront donner des conseils aux clients dans leurs disciplines, mais en plus, l’entreprise met le sport au cœur de son processus de recrutement, pour les 350 métiers de ses différentes filières.

Decathlon organise ainsi régulièrement des sessions collectives, pour une douzaine de candidats à chaque fois, à travers la France, où le sport – matchs de football, compétitions de Frisbee, mais aussi jeux de ballon prisonnier – occupe la matinée, sur la journée de recrutement. Car si la passion du sport est le premier critère d’embauche chez Decathlon, comme le précise Kamel Medjabra, responsable de la communication humaine et chargé du recrutement, l’ambition d’intégrer tous les talents, la notion de confiance, l’idée d’oser et la volonté de « créer sa propre aventure au sein du groupe », sont les autres éléments qui sous-tendent la philosophie de la marque en matière de recrutement et de gestion humaine.

Bien sûr, demander aux candidats – comme le fait Decathlon – de venir en short à une session de recrutement est en cohérence avec la marque, mais c’est plus que cela. « Le sport répond bien aux problématiques des entreprises », résume son spécialiste RH. Ainsi, les recruteurs – des chefs de rayons ou des directeurs de magasins, par exemple – observent, lors des compétitions organisées, le comportement des candidats, le non-verbal, mais aussi la prise de parole et d’initiatives, la façon de se comporter en équipe et face à l’adversité. De fait, embarqués dans le jeu, ils montrent leur vraie personnalité. Autant d’atouts – ou de freins – dans une carrière qu’un simple entretien ne suffit pas à détecter. « J’ai fait une école de commerce, je sais combien les étudiants peuvent être bien préparés aux entretiens d’embauche ! », déclare à cet égard Kamel Medjabra. Chaque personnalité, réservée ou extravertie, pourra trouver sa place, l’une dans une équipe de recherche, l’autre dans la vente, par exemple. « Et ce ne sont pas forcément les membres de l’équipe gagnante lors de la session de recrutement qui seront retenus ! », s’empresse-t-il d’ajouter.

Peu imitée par d’autres entreprises, si ce n’est que très ponctuellement, notamment au cours d’évènements organisés par Pôle emploi, l’enseigne ne voit pourtant que des avantages à cette méthode. « Les sessions collectives nous font gagner du temps, puisque nous voyons une douzaine de candidats à la fois, et nous mutualisons les efforts entre services et entre magasins, par exemple ; elles offrent une expérience différenciante aux candidats, ce qui est bon pour notre marque employeur, et bien sûr, elles permettent de recruter des profils variés et même de dénicher de vrais talents, le tout fondé avant tout sur leur savoir-être », énumère le spécialiste du recrutement.

Lors des sessions qu’il organise, l’après-midi est plus classique et consacré aux entretiens individuels. Puis, à la suite d’un débriefing avec les recruteurs, Decathlon s’attache à donner une réponse dès la fin de la journée aux candidats. « Au même titre que nous les mettons à l’aise en leur demandant de venir en short, afin d’établir une relation plus équilibrée entre employeur et candidats, nous souhaitons leur montrer notre respect en leur donnant tout de suite une réponse, dit-il. Après tout, ils ont fait l’effort de venir jusqu’à nous, ils méritent bien cela. »

De même, l’entreprise prend soin d’expliquer aux candidats la raison de sa décision. « Recruter un candidat qui ne correspondrait pas vraiment à nos critères ne serait pas lui rendre service, puisqu’il serait vite en difficulté. Si nous lui donnons, avec bienveillance, des axes de progrès, au contraire, nous l’enrichissons », explique-t-il.

Certains magasins de Decathlon vont même plus loin. Ils organisent des présélections de candidats, en leur demandant de venir échanger avec des responsables un samedi matin. Le CV n’a pas d’importance – « si ce n’est pour des postes très spécifiques, comme dans la finance, par exemple », précise Kamel Medjabra. D’ailleurs, certains magasins ont même décidé de se passer de CV, pour se concentrer uniquement sur les compétences personnelles des candidats.