Le big data remettrait en cause une « posture usuelle des RH » dans la gestion des données, qui consiste à analyser des catégories de salariés. En effet, il vise davantage à la « personnalisation ». C’est ce que montre la chercheuse Clotilde Coron dans une étude, publiée dans la revue Annales des Mines*, issue d’une expérience de 20 mois au sein de la multinationale Multinum (90 000 salariés en France). Elle présente ainsi le développement de deux logiciels de RH, dont certains algorithmes reposent sur les mêmes logiques que ceux d’Amazon ou de Netflix : proposer des contenus sur mesure pour chaque internaute, en fonction de leur historique. Ainsi le projet Formazon suggère « la ou les formations qui intéresseront le plus un salarié », à partir de celles qu’il a déjà suivies. Chaque individu, qui a donné son accord pour l’utilisation de ses données, « reçoit un ensemble unique de suggestions ». Quant au projet Shortlist, il identifie pour les RH celui ou celle « qui pourrait constituer un bon candidat dans le cadre du recrutement ». Il étudie notamment les mots employés dans les CV en les comparant à l’offre d’emploi. Outre l’individualisation, le big data est orienté vers la prédiction. Il ne s’agit plus d’expliquer l’absentéisme par une liste réduite de causes mais de le prédire, tout comme est prédit « le goût d’un salarié pour une formation » ou « la performance d’un candidat ».