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« L’adoption d’une raison d’être est le résultat d’une exigence encore plus forte »

Le point sur | publié le : 26.08.2019 | Lys Zohin

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« L’adoption d’une raison d’être est le résultat d’une exigence encore plus forte »

Crédit photo Lys Zohin

La Maif a profité de l’occasion offerte par la loi Pacte pour adopter le statut d’entreprise à mission. Une façon de prolonger la philosophie qui sous-tend sa démarche d’engagement auprès de ses sociétaires depuis des années. Avant d’être entérinée et inscrite dans les statuts à sa prochaine assemblée générale, en 2020, sa raison d’être a été officialisée en mai dernier. Retour sur le parcours qui a amené l’assureur militant à jouer les pionniers.

La Maif est parmi les premières entreprises à avoir franchi le pas de la raison d’être, pourquoi ?

Nous sommes assureurs militants depuis 1934 et très sensibles, depuis nos origines, à la satisfaction de nos sociétaires. Dès septembre 2000, nous avons adopté des objectifs de RSE qui sont en cohérence avec nos valeurs, notamment sur le handicap, l’éducation pour tous, la prévention. Et depuis quelques années, nous avons la volonté d’aller plus loin en matière de gestion de notre impact sur la société. Cela nous a d’ailleurs amenés dans un premier temps à transformer notre mode de management pour renforcer ce que l’on appelle la symétrie des attentions, autrement dit, être à l’écoute des sociétaires et des collaborateurs. Il s’agit d’un management par la confiance, qui stimule la capacité de chacun à prendre des initiatives. Il était donc logique d’aller encore plus loin en matière de cohérence, et de renforcer, comme la loi Pacte nous en offre la possibilité désormais, la dimension de développement durable et d’impact sur la société avec une raison d’être. Il y a donc convergence entre ce qui se passe à l’intérieur de la Maif et les évolutions sociétales. L’adoption d’une raison d’être est ainsi le résultat d’une exigence encore plus forte de notre part et le signe de notre engagement officiel dans cette démarche de responsabilité.

Quelles ont été les étapes qui vous ont amené à la formulation de votre raison d’être ?

La direction générale et le conseil d’administration qui est composé de représentants des salariés et des sociétaires, ont réfléchi ensemble aux enjeux sociétaux et environnementaux et à un modèle de long terme. Un modèle efficace et durable. Toutes les parties prenantes ont été ou seront consultées, au cours de nombreuses interactions. Mais le point de bascule est vraiment venu de la volonté des dirigeants, et en particulier de Pascal Demurger et de Dominique Mahé, notre directeur général et notre président, qui avaient d’ailleurs contribué aux débats parlementaires sur le sujet, d’incarner cette philosophie et de le faire savoir. D’autant qu’ils sont persuadés que cette raison d’être nous permettra de mieux résister aux chocs et aux transformations de la société, en cours ou à venir.

Vous avez été nommé chief mission officer. Quelles sont vos responsabilités ?

Oui, je suis l’un des pionniers avec ce titre actuellement, mais j’espère être rejoint prochainement par d’autres dans d’autres entreprises ! En ce qui me concerne, mon rôle est de transformer l’essai pour que le statut d’entreprise à mission soit adopté lors de l’assemblée générale extraordinaire de 2020. En outre, il faut mettre en place la gouvernance, ainsi que des indicateurs qui nous permettront de mesurer l’impact de cette décision stratégique sur la performance au sens large, le tout grâce à une analyse à 360 degrés, pour prendre en compte toutes les parties prenantes. Les enjeux, en ce qui concerne la mesure d’impact, sont grands, et à cet égard, je me félicite de voir que des travaux de recherche académique, en vue d’une modélisation quantitative et qualitative, sont lancés. Enfin, il s’agit de faire vivre cette raison d’être au quotidien et d’en assurer le pilotage, à travers des plans d’action. Au même titre que nos dirigeants veulent réellement incarner cette nouvelle notion, nous voulons nous assurer que tous les collaborateurs sont embarqués. J’aurai donc avec moi une petite équipe qui collaborera étroitement avec les différents métiers de l’entreprise et adoptera des critères clés pour les décisions que chacun prendra dans l’exercice de ses fonctions, le tout selon quatre axes principaux : la satisfaction des sociétaires, l’épanouissement des acteurs en interne, l’impact sur la société et l’environnement et la performance économique de l’entreprise.

Et déjà, nous avons un temps d’avance. À titre d’exemple, autant que faire se peut, nous faisons réparer, lorsqu’ils sont endommagés, les véhicules que nous assurons avec des pièces issues de l’économie circulaire. Par ailleurs, nous allons renforcer nos investissements financiers dans les produits verts, notamment en matière d’énergie et d’agriculture. Notre slogan, pour l’adoption de la raison d’être, a été « chaque acte compte », ce n’est pas par hasard ! Et lorsque nous aurons intégré notre raison d’être à toutes nos activités, nous aurons bien d’autres exemples à fournir, et qui pourront toucher nos sociétaires, nos partenaires, nos fournisseurs, bref, la société dans son ensemble. Car l’idée est de polliniser pour qu’on soit de plus en plus nombreux et que l’impact soit encore plus fort.

Auteur

  • Lys Zohin