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Emploi : Les jeunes diplômés victimes de préjugés à l’embauche

L’actualité | publié le : 26.08.2019 | Sophie Massieu

Dans une étude, Jean Pralong, professeur de GRH à EM Normandie Business School, montre combien, en France, les jeunes diplômés, particulièrement ceux qui ont suivi un cursus de master de gestion, peinent à se faire recruter en raison de stéréotypes qui leur collent à la peau… Une exception en Europe.

Un jeune sur cinq est demandeur d’emploi en France (20,01 %), contre une moyenne de 14,2 % dans l’ensemble de l’Europe de l’Ouest. Un diplômé de master de gestion sur dix (9,2 %) était en 2018 demandeur d’emploi en France six mois après l’obtention de son titre, contre 7,2 % dans le reste des pays européens. Pas de doute, pour Jean Pralong, auteur d’une récente étude intitulée “Comment les stéréotypes sur les jeunes nuisent à leur employabilité”, le chômage des jeunes est une spécificité hexagonale.

Pour comprendre ce phénomène, le titulaire de la chaire compétences, employabilité et décision RH de l’EM Normandie s’est appuyé sur des données du Icar Network, un groupe de recherche internationale, et sur une enquête, réalisée de janvier 2017 à septembre 2018 auprès de 682 étudiants en master de gestion diplômés en juin 2017, issus de six pays comparables : la France, l’Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni, le Portugal et les Pays-Bas. Ils ont été interrogés à trois reprises, pour suivre leur parcours d’insertion.

L’étude permet de dégager cinq trajectoires chez ces jeunes. En France, à la différence de l’ensemble des autres pays, les deux parcours les plus fréquents sont l’insertion retardée (signature d’un CDI après une période de chômage d’environ sept mois, 31 % en France contre 14,1 % en Europe), puis l’insertion indirecte (CDI après un CDD et une période d’environ quatre mois de chômage, 22,1 % contre 14,7 %). Ailleurs, l’insertion directe est majoritaire.

De quoi avancer une explication, corroborée par un questionnaire adressé à des DRH : il existe en France une croyance en l’existence de spécificités propres aux jeunes, qui font peur aux recruteurs. Ils seraient plus difficiles à fidéliser, plus individualistes, en même temps que plus créatifs… Autant de préjugés qui amènent les recruteurs français à les « tester » au cours d’un premier CDD avant de les embaucher. Une spécificité française, donc, que cette moindre attractivité des jeunes à compétences égales par rapport au reste de l’Europe.

Auteur

  • Sophie Massieu