logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Emploi : Europa-Park trouve ses recrues outre-Rhin

Sur le terrain | publié le : 15.07.2019 | Mathieu Noyer

Image

Emploi : Europa-Park trouve ses recrues outre-Rhin

Crédit photo Mathieu Noyer

Pour embaucher un millier de collaborateurs à l’occasion de son extension, le parc d’attractions allemand multiplie les actions de recrutement et de formation avec les acteurs publics alsaciens.

Installé à Rust à 10 kilomètres de la France d’où viennent un quart de ses visiteurs, le parc d’attractions allemand Europa-Park raisonne aussi au niveau binational dans la gestion de ses effectifs : les Français représentent 20 % de ses 4 150 salariés, pour moitié permanents, pour moitié saisonniers. Pour l’ouverture de son nouveau complexe aquatique « Rulantica » le 28 novembre prochain – la plus importante extension du parc depuis sa création il y a 45 ans –, Europa-Park a encore accru les flux de main-d’œuvre en France et en Allemagne. « Aux 500 recrutements que nous effectuons annuellement (pour remplacer les départs et occuper les nouveaux postes, NDLR), s’ajoutent 500 autres pour la circonstance. Face à ce doublement, il a fallu mettre en place une réponse associant davantage les acteurs institutionnels », indique le DRH, Matthias Kirch. Se reposer sur le seul vivier allemand était voué à l’échec : « Notre bassin d’emploi de l’Ortenau affiche à peine 2,8 % de chômage », expose Horst Sahrbacher, chef de l’agence locale de l’Arbeitsagentur, le Pôle emploi allemand. Dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, crucial pour son activité, le parc a évalué à 75 % la baisse du « potentiel de travailleurs qualifiés » en une décennie, par la conjugaison du recul du nombre d’apprentis, de la hausse des taux d’abandon en formation et de la croissance économique propre au secteur des loisirs.

Alsace, cible prioritaire

Deuxième parc européen en termes de fréquentation (5,6 millions d’entrées en 2018) derrière Disneyland Paris, Europa-Park a donc cherché des recrues tous azimuts, jusqu’en Europe de l’Est. Mais il a fait de l’Alsace frontalière une cible prioritaire. À cette fin, il a concentré ses efforts sur Pôle emploi. Publicité électronique, affiches dans les agences, traduction des offres sur la bourse d’emploi nationale Pôle emploi, mailing via Facebook à des candidats pré-identifiés grâce aux agents français, ateliers d’information mensuels sur le cadre de travail outre-Rhin, job dating (800 participants au total) ont ainsi été organisés. Ces différents canaux ont associé le service public transfrontalier de l’emploi (SPT) et des bureaux communs de Pôle emploi et de l’Arbeitsagentur, et ont permis en 2018 dans le Grand Est à 401 personnes (sur 1 429 candidats) de trouver un job outre-Rhin. Et pourtant, cette débauche d’efforts reste insuffisante : « Des formations préalables s’imposent face au constat de certaines qualifications insuffisantes », indique Matthias Kirch. Un domaine où la région Grand Est peut intervenir : « Notre culture du sur-mesure bénéficie à plein », estime Valérie Debord, la vice-présidente à l’emploi. Depuis l’été 2018, la collectivité territoriale a monté une dizaine de cursus de serveurs, barmen, cuisiniers, vendeurs en boutiques et surveillants de baignade, d’une durée de cinq à six mois en général, en professionnalisation ou conclus par un titre professionnel ou un CAP. Ces formations ont été assurées principalement par l’Afpa, les Greta et les lycées hôteliers d’Illkirch et Guebwiller. Elles ont été financées par le FIFE (Fonds d’intervention pour la formation et l’emploi), un dispositif du Grand Est qui sélectionne des demandeurs d’emploi considérés comme ayant de bonnes chances d’insertion.

En contrepartie, l’employeur s’engage à les recruter à la sortie, au minimum en CDD de six mois. Ainsi, 74 candidats ont rejoint Europa-Park dans le cadre de la première phase de formation. La seconde vague commencera en septembre. En outre, des cours de langues, via la plate-forme de formation linguistique étrangère à distance avec tutorat mise en œuvre par la région, ont permis d’atteindre les niveaux de maîtrise A2 ou B1 demandés par Europa-Park. Au final, plus de cent recrutements devraient a minima provenir de la France voisine. « Si nous poursuivons sur la même dynamique, nous apporterons au parc la contribution française espérée à ses besoins », estime Claude Rouillon, directeur territorial Bas-Rhin de Pôle emploi.

Auteur

  • Mathieu Noyer