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Sur le terrain

Conditions de travail : Synutra améliore le climat social

Sur le terrain | publié le : 15.07.2019 | Dominique Perez

Face à des risques psychosociaux mettant l’entreprise en alerte maximum, la filiale française du groupe chinois Synutra a mis en place un plan d’action efficace.

Turnover important, conditions de travail complexes dues à une croissance rapide, problèmes de management… La situation sociale était fortement dégradée en 2016 chez Synutra France, filiale française d’un groupe chinois spécialisé dans le conditionnement de poudre de lait infantile, située à Carhaix, dans le Finistère. Avec une montée en charge importante en 2016, des recrutements massifs sans véritable parcours d’intégration et des managers jeunes et peu expérimentés, la tension était vive. La réputation de l’entreprise chinoise, dont l’arrivée en 2015 avait pourtant été considérée comme une aubaine dans cette commune bretonne de 7 000 habitants, plus connue pour son festival des Vieilles Charrues que pour son tissu industriel, avec la perspective d’au moins 260 embauches, était très ternie. « Quand je suis arrivée en septembre 2017, beaucoup d’articles de presse traitaient du sujet, mettant en avant le mal-être des salariés, témoigne Émeline Carré, alors nommée responsable des ressources humaines. Lors du premier CHSCT, nous avons mis en place une commission QVT (qualité de vie au travail) pour définir les axes de travail permettant d’améliorer la situation. » Première thématique : renforcer les compétences managériales des managers peu expérimentés, avec des formations sur la communication, des outils de management participatif…

La CGT partie prenante

Un diagnostic sur les risques psychosociaux est engagé, avec un psychologue du travail, qui a aidé à construire un questionnaire pour tous les collaborateurs. « Des entretiens individuels avec les salariés ont également été menés, avec psychologue et médecin du travail, ce qui a permis d’aller dans le détail du malaise. Nous ne voulions plus de non-dits. » En plus d’un programme de formation aux postes de travail, l’accueil des nouvelles recrues fait l’objet d’une attention particulière. Objectif premier : fidéliser une population d’intérimaires afin de les inciter à signer des CDI et permettre à l’entreprise d’inverser la courbe du turnover en les fidélisant. Un travail sur l’intégration des nouveaux salariés a été mis en œuvre, par le biais d’un programme intitulé « Welcome Synutra » avec au menu une matinée d’intégration des intérimaires suivie d’un déjeuner avec un manager. Le dialogue a ainsi été renoué et les axes de qualité de vie au travail rapidement développés.

Dès le début de la réflexion sur la QVT, la CGT, majoritaire dans l’entreprise, s’est associée pleinement au processus de changement. Vis-à-vis de la direction du groupe, en Chine, le dialogue est également engagé : « Nous avons décrit le principe de la QVT en France et les conséquences sur les résultats, explique Emeline Carré. Le plan a été validé rapidement. »

Pour faire retomber la pression, deux propositions d’horaires de travail sont mises en place, avec un engagement sur le vote préalable des salariés au cas où la direction propose des changements. Le dialogue et la communication sont facilités par des « points minutes » effectués par les chefs d’équipes chaque jour, à chaque démarrage de poste, avec des informations sur la sécurité au travail et les ressources humaines. Les managers communiquent ainsi les informations de l’entreprise aux salariés qui peuvent aussi prendre la parole. Des tuteurs sont nommés au sein des ateliers de production.

Une réflexion qui se poursuit

Les résultats du plan d’action et de l’accord QVT, signé le 31 mai 2018 avec la CGT, ne se sont pas fait attendre, même si l’entreprise ne communique pas sur les chiffres. « Nous sentons que la situation est largement stabilisée, constate Elia Dacosta, secrétaire de la délégation unique du personnel, membre titulaire du collège cadres. Il y a eu un énorme travail sur les formations au poste, étendues aux agents de maîtrise. Les salariés sont amenés à proposer d’autres éléments pour favoriser la qualité de vie au travail : cela concerne aussi l’alimentation, la santé, l’aide aux personnes qui doivent aider des parents dépendants, la garde des enfants, une possibilité de conciergerie… » À partir de l’accord, dont un des principes fondamentaux est l’écoute des propositions des salariés, le dialogue est désormais ouvert avec la direction sur des sujets qui concernent la vie professionnelle mais aussi personnelle…

Auteur

  • Dominique Perez