logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

On reprend tout depuis le début

Les clés | À lire | publié le : 15.07.2019 | Irène Lopez

Image

On reprend tout depuis le début

Crédit photo Irène Lopez

Dans son dernier roman, Sarah Barukh nous plonge dans le milieu hospitalier et dresse à la fois le portrait d’une profession, d’une maladie et des années 1980. Le Cas Zéro a été couronné du Prix 2019 du roman d’entreprise et du travail. À l’heure des réformes et d’une période critique de notre système de soins, il est intéressant de revenir sur l’une des épidémies les plus marquantes de la seconde moitié du xxe siècle, révélatrice d’une crise du corps médical.

Tout commence par un cas, incompréhensible et inquiétant. Une série de symptômes incohérents et d’une gravité extrême. Laurent Valensi, médecin à l’hôpital Saint-Louis, ne sait comment soigner son patient, un certain Ali Benyoussef. Déchiré entre sa famille qui veut le protéger d’une éventuelle contamination et un chef de service sans scrupules, il se lance dans une course contre la montre. En dépit de ses doutes, et face aux menaces qui pèsent chaque jour un peu plus sur lui, il va se battre pour sauver cet homme et faire éclater la vérité : si ce patient était le premier de la terrible épidémie qui fait rage aux États-Unis et que l’on appelle « le cancer homosexuel » ? Le « cas zéro » désigne le premier malade porteur d’une maladie potentiellement contagieuse. Le thriller de Sarah Barukh revient au début des années 1980, aux prémices de l’épidémie de sida.

Le sujet n’est pas tant le sida ni le patient mais le corps médical. D’où sa sélection au concours du roman d’entreprise et du travail. L’auteur décrit l’administration ubuesque du système hospitalier, sa lourdeur, le monde des mandarins, la hiérarchie d’une structure rigide et complexe… L’image de la profession n’est pas ménagée. Certes, il y a des incohérences (le médecin interniste qui devient chirurgien, le chef de service touche-à-tout) qu’il faudra mettre de côté pour profiter du thriller.

Au final, ce roman mêle parfaitement histoire de vie, histoire de médecin et histoire sociale. Il rend compte des difficultés qu’éprouve Laurent à établir le bon diagnostic, à trouver le juste milieu dans les rapports qu’il entretient avec les malades et la maladie, à concilier les temps de vie professionnelle et de vie personnelle.

Sarah Barukh travaille dans la communication. Elle a créé sa propre entreprise. Après son premier roman, Elle voulait juste marcher tout droit, elle nous plonge dans l’univers hospitalier à une des périodes les plus critiques de son histoire.

Auteur

  • Irène Lopez