Quatre-vingt-deux demandeurs d’emploi, en short ou survêtement, en quête d’un job. Le 4 juillet, Pôle emploi Hauts-de-France, l’agence Synergie et la Ligue d’athlétisme des Hauts-de-France ont rassemblé des chômeurs et une vingtaine d’entreprises pour une rencontre au stade Paul-Petitpoisson, à Compiègne. L’objectif de cette journée intitulée « Du sport ensemble, vers l’emploi » est de recruter autrement. « Recruteurs et demandeurs d’emploi sont tous en tenue de sport. Personne ne sait qui est qui puisque seul le prénom figure sur les dossards. Impossible de savoir si vous avez face à vous un recruteur ou un candidat », explique Pascal Jacobee, directeur de l’agence Pôle emploi de Margny-lès-Compiègne.

Ce matin-là, neuf équipes sont dispersées sur le stade. Au programme : échauffements, courses, relais, sauts. « Le but pour les recruteurs est de se concentrer sur les savoir-être des candidats, explique Sabine Preciado-Lanza, directrice territoriale de l’Oise à Pôle emploi. Le premier contact se fait par l’humain et pas par rapport à un CV. Lors d’un entretien classique, il peut être difficile de se faire une idée sur un candidat, et pour ce dernier de se faire une idée sur l’entreprise. Là, chacun constate l’esprit d’équipe, la motivation et les valeurs de l’autre. Il sera toujours temps, ensuite, de former le candidat aux techniques de l’entreprise. » Demandeurs d’emploi de tous âges et aux parcours divers ont répondu présents. « Je suis en recherche d’emploi depuis avril, explique Alexandra. Je recherche une entreprise afin de réaliser ma reconversion en alternance dans le secteur des ressources humaines. Rencontrer un recruteur de cette façon permet d’être plus détendue. »

Côté entreprise, tous les secteurs sont représentés : la Caisse d’épargne, Leroy Merlin, le Club Med ou encore Webhelp. La société, spécialisée dans la relation client, prévoit 500 embauches d’ici cinq ans pour son nouveau centre d’appels à Tourcoing. « Nos métiers sont difficiles, les rémunérations assez faibles, il n’est pas facile de recruter. C’est pourquoi, nous avons privilégié le bien-être au travail à travers notre politique QVT. Cela nous permet d’attirer et de fidéliser nos salariés. Le format de ces recrutements par le sport est aussi une façon de présenter l’entreprise et ses valeurs pour être attractif autrement », précise Sékou Sano, assistant en charge des ressources humaines au sein de Webhelp. Sur le plan sportif, les épreuves sont à la portée de tous. « Le but n’est pas de détecter un futur champion mais de casser les codes et de sortir du côté formel de l’entretien d’embauche pour faciliter le recrutement. Et pourquoi pas retrouver du dynamisme. Certains ici n’ont pas fait de sport depuis longtemps, constate Thibault Menanteau, chargé du projet au sein de la Ligue d’athlétisme des Hauts-de-France. Le sport développe les mêmes valeurs que celles de l’entreprise : motivation, savoir-être et esprit d’équipe. »

Après les exercices du matin, tout le monde déjeune ensemble. L’après-midi, un job dating est organisé sans tables pour respecter l’aspect informel. « Une partie des recrutements se feront toujours sur CV. Mais on arrive au bout du système. Il est plus que nécessaire de donner une autre image du travail et de l’entreprise. Il y a tellement d’offres d’emploi qu’il devient impératif de créer du lien et voir ainsi l’entreprise sous un autre angle », insiste Sophie Sanchez, directrice générale chez Synergie.

Ce 4 juillet, le projet entamait sa 5^e édition. L’idée a été impulsée par Philippe Lamblin, ancien DRH (Lesaffre, Avril) et président de la Ligue d’athlétisme des Hauts-de-France. En janvier 2018, celui-ci acceptait la mission confiée par le président de la région, Xavier Bertrand, d’aider les entreprises à recruter plus facilement. La première édition, en février 2019 à Liévin, s’était soldée par un taux d’embauches de 60 %. Depuis, d’autres dates ont eu lieu dans l’Aisne et dans la Somme. En septembre prochain, le projet devrait s’étendre à d’autres régions en France.