logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Santé au travail : Martin Brower traque le mal de dos dans ses entrepôts

Sur le terrain | publié le : 08.07.2019 | Valérie Auribault

Image

Santé au travail : Martin Brower traque le mal de dos dans ses entrepôts

Crédit photo Valérie Auribault

Le secteur du transport et de la logistique est particulièrement impacté par les lombalgies. L’entreprise Martin Brower France a mis en place une culture de prévention des risques. Aménagement des postes, management des équipes et nouveaux outils ont eu raison des maux.

Le mal de dos est à l’origine d’un tiers des accidents du travail chaque année et concerne deux salariés sur trois. Dans le secteur du transport et de la logistique, les lombalgies sont à l’origine de 1,1 million de journées de travail perdues, soit l’équivalent de 5 000 emplois à temps plein. Au coût humain s’ajoute un coût économique élevé : 90 millions d’euros de cotisations accidents du travail et maladies professionnelles par an.

Dès 2000, l’entreprise de logistique Martin Brower France, qui opère dans le secteur de la restauration rapide (850 collaborateurs et 8 centres de distribution), a développé une démarche globale baptisée work safety. La politique de sécurité et de prévention mise en œuvre inclut les troubles musculo-squelettiques (TMS) et le mal de dos. « Cette culture de la prévention repose sur des facteurs humains et organisationnels, explique Bruno Boutet, directeur des ressources humaines chez Martin Brower France. C’est pourquoi, nous avons souhaité l’implication de tous les managers et de tous les salariés. » Si ces derniers constatent que des améliorations peuvent être apportées sur le terrain, leurs remarques sont prises en compte dans la recherche de solutions.

En 2006, la société s’est intéressée tout particulièrement aux douleurs lombaires. Des mesures prises en collaboration avec la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat). Des aménagements des postes de travail ont été mis en œuvre, les temps de pause ont été améliorés, les tâches et les horaires repensés et les plannings envisagés jusqu’à 20 semaines à l’avance. « Nous nous sommes aussi aperçus que les rythmes de travail des week-ends étaient trop lourds, indique Christophe Donnart, directeur du site de Beauvais. Une personne de plus a donc été intégrée. »

Aménagement des postes

La polyvalence fait partie intégrante de cette démarche. « Sur le site de Beauvais, nos équipes tournent en 3x8, 365 jours par an. Nous avons opté pour la polyvalence des salariés. Ils peuvent être cariste un jour, préparateur de commandes le lendemain, manutentionnaire ou encore réceptionnaire. Ceci pour éviter la répétition de mauvaises postures », poursuit Christophe Donnart. De plus, à chaque prise de poste, un échauffement collectif est effectué. « En dehors du fait que le corps est préparé à l’effort, ce moment crée un esprit d’équipe », constate Bruno Boutet. L’échauffement terminé, il faut gérer les palettes. Des palettes en plastique de 2,5 kg ont remplacé celles en bois qui pesaient 20 kg. Les rayonnages sont désormais à hauteur d’hommes pour éviter de se baisser. L’entreprise qui gère la distribution de denrées alimentaires comprend des entrepôts à différentes températures. « Le froid de la salle des produits surgelés à -28° peut engendrer des douleurs lombaires. Des combinaisons spécialement renforcées ont été mises à disposition pour mieux conserver la chaleur du corps », précise Laurent Martin, tuteur entrepôt. Des tuteurs sont en effet présents pour vérifier que les consignes de sécurité et de prévention sont bien appliquées au sein des entrepôts. « Certains salariés peuvent se montrer réfractaires au changement, confie Laurent Martin. Mais ils se rendent vite compte qu’ils leur sont bénéfiques. » Comme le robot servant à filmer les colis. « Autrefois, il fallait filmer manuellement. Une action difficile car cela obligeait le manutentionnaire à observer un rythme soutenu et à effectuer des torsions. Le robot limite les risques et offre un temps de repos supplémentaire au salarié. Les colis sont mieux tenus. Pour le transporteur, c’est un problème de moins à gérer lors des livraisons », ajoute Laurent Martin.

Pénibilité moindre

Martin Brower France n’a pas chiffré l’investissement nécessaire à cette organisation du travail. « Au final, on sait que c’est forcément positif », indique Bruno Boutet. Le turn-over des employés est peu marqué au sein de l’entreprise alors que le secteur peine à fidéliser ses salariés. De plus, le site de Beauvais compte une douzaine de femmes parmi ses effectifs. « Quand les femmes intègrent certains secteurs d’activité, c’est que la pénibilité est moindre et que les hommes bénéficient aussi de ces bonnes conditions de travail », rappelle Sylvain Vittecoq, ingénieur conseil à la Carsat. L’entreprise s’attelle actuellement à réduire les manutentions manuelles des produits lourds. Pour toujours moins de risques dans ses entrepôts.

Auteur

  • Valérie Auribault