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Emploi : Les CDD quasi-trappes à précarité, selon l’Insee

L’actualité | publié le : 08.07.2019 | Benjamin d’Alguerre

Les CDD entretiennent-ils leurs bénéficiaires dans une spirale de précarité les empêchant d’accéder à l’emploi durable ? « Non, mais… », répond l’Insee qui dévoilait, le 2 juillet dernier, les conclusions de son enquête « les contrats à durée limitée : trappes à précarité ou tremplins pour une carrière ? » consacrée aux CDD. Pour la réaliser, les équipes de l’Insee ont suivi les situations d’emploi d’actifs (en CDI, CDD ou au chômage) du secteur privé âgés de 16 à 50 ans pendant sept ans, de 2008 à 2015. Hasard du calendrier : ces résultats paraissent quelques semaines à peine après que le gouvernement se soit engagé à instaurer un système de bonus-malus dans sept secteurs pour limiter le recours aux contrats de courte durée.

« On ne peut évidemment pas tirer de conclusion trop affirmative », explique Odran Bonnet, chargée de mission au sein de l’institut statistique et auteur de l’étude. Il n’empêche : la tendance générale tend à indiquer que même à l’acmé de la crise de 2008-2010, le CDI était de loin le contrat le plus protecteur pour ses bénéficiaires. Pour preuve : 73 % des salariés qui disposaient d’un contrat à durée indéterminée en 2008 évoluaient toujours sous ce statut sept ans plus tard. Dont plus de la moitié dans la même entreprise.

Dans le même temps, la trajectoire de ceux qui étaient en CDD en 2008 semble accréditer l’idée de la « trappe à précarité » puisque si 24 % d’entre eux avaient déniché un CDI l’année suivante, ils étaient toujours 44 % à évoluer un an après dans un emploi à durée déterminée. Et 15 % l’étaient encore en 2015, lors du bouclage de l’enquête, même si 47 % avaient tout de même décroché la timbale du CDI à cette période. Pas de quoi faire cependant oublier que ces salariés ont connu davantage de périodes de chômage que leurs homologues en CDI. 14 % des CDD de 2008 étaient encore au chômage en 2015 contre 3 % des « CDIsés ». À quoi s’ajoutent des rémunérations généralement moindres perçues par ces salariés en contrats courte durée. À poste égal, leur salaire était de 7 % inférieur à leurs confrères en CDI. Un hiatus que l’Insee explique par le différentiel d’âge et d’expérience entre CDI et CDD, les seconds étant souvent plus jeunes. A contrario, dès lors qu’âge et expérience s’alignent, les CDD connaissent en moyenne une rémunération de 3 % supérieurs aux CDI. Grâce, notamment, à la prime de précarité de fin de contrat. Sans surprise, les moins bien lotis étaient les chômeurs de 2008. Si 51 % d’entre eux occupaient bien un emploi en 2015, ils n’étaient que 28 % à bénéficier d’un CDI. « Disposer d’un contrat à durée limitée augmente les chances d’obtenir ensuite une meilleure insertion », note l’Insee. Bref, mieux vaut un petit contrat que pas de contrat du tout, même si ce n’est pas la panacée…

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre