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Sur le terrain

Santé au travail : Harmonie mutuelle et Banque populaire soignent le retour après un arrêt long

Sur le terrain | publié le : 01.07.2019 | Pascale Braun

La mutuelle et la banque coopérative expérimentent dans le Grand Est un partenariat pour faciliter la reprise du travail des salariés que la maladie a contraints à plus de 90 jours d’absence.

Après une longue maladie, comment éviter que le retour au travail ne constitue une nouvelle épreuve ? Invoquant l’une et l’autre des valeurs humanistes, Harmonie mutuelle Nord-Est et Banque populaire Alsace-Lorraine-Champagne (BPALC) basée à Metz ont signé une convention visant à expérimenter l’accompagnement à la reprise du travail (ART). Cette première nationale propose au salarié un dispositif personnalisé pendant l’arrêt maladie, à son retour et durant les trois mois suivant sa réintégration.

Harmonie mutuelle a conçu et testé l’ART au sein de ses propres équipes du Sud-Ouest avant de proposer à son client lorrain d’inscrire ce nouveau service dans le cadre de sa politique de qualité de vie au travail. « L’accueil d’un salarié après une maladie relève d’une responsabilité collective. Les dispositifs que nous avons mis en place impliquent le collaborateur concerné, mais aussi les équipes et les managers. Un environnement accueillant favorise une reprise pérenne et diminue le risque d’absentéisme », estime Éric Blanc-Chaudier, directeur de la région Nord-Est d’Harmonie mutuelle. Ouvert gratuitement à tous les salariés indépendamment des contrats de prévoyance, l’ART repose sur le volontariat et garantit la confidentialité des échanges. À partir de dix jours d’arrêt de travail, la mutuelle propose un service d’accueil, d’écoute et d’orientation par téléphone. Au-delà de 90 jours, le salarié bénéficie, dès la déclaration d’arrêt et jusqu’à la stabilisation de son état de santé, d’un soutien psychologique, d’un accompagnement social et d’un programme d’activités physiques adapté à sa situation.

Psychologues et ergonomes

Au moment d’envisager le retour, Harmonie mutuelle dresse un diagnostic de reprise et propose un accompagnement impliquant l’entreprise : le manager et les équipes sont conseillés dans l’organisation d’une séance d’accueil. Un pack optionnel prévoit un accompagnement physique et une étude ergonomique à la reprise de poste, voire la formation d’un référent pour préparer la prise d’une nouvelle fonction. Durant les trois mois suivant son retour, le salarié continue à bénéficier du soutien des psychologues, ergonomes, formateurs et conseillers de la mutuelle. « Les idées les plus simples sont souvent les meilleures. Au-delà des investissements dans des bâtiments et des techniques qui améliorent la qualité de vie au travail, l’accompagnement des salariés après une maladie rend notre RSE concrète », estime Dominique Wein, directeur général de la BPALC.

Un référent handicap à temps plein

La banque, qui emploie 2 650 salariés dans 226 agences et centres d’affaires, évalue à 9 % les arrêts maladie d’une durée comprise entre 1 et 6 mois, dont 1,9 % d’arrêts de plus de six mois. Signataire de la charte Cancer at Work, la coopérative bancaire emploie un référent handicap à temps plein.

Elle compte s’inspirer des procédures mises en place à l’occasion des retours de congés maternité, qui distendent parfois les relations au travail : avant la reprise, l’envoi de e-mails ou de SMS permet de faire le point sur les changements survenus au cours des mois d’absence. Les procédures « on boarding », instaurées pour mettre les nouvelles recrues au fait des actualités de l’entreprise, seront également utilisées. « Nous intégrerons l’ART à la formation de nos 500 managers pour les aider à se montrer à l’écoute des salariés sans pour autant se montrer intrusifs », annonce David Marchal, directeur des ressources humaines de la BPALC. Les salariés accompagnés en interne par Harmonie mutuelle ont témoigné de l’importance de pouvoir parler de leur maladie, de ses séquelles et de leurs appréhensions sans tabou avec des collègues préparés à les entendre.

Harmonie Mutuelle, qui couvre 4,6 millions de personnes et compte 60 000 entreprises clientes, scrutera attentivement les retours de cette expérience pilote. « Nous avons encore tendance à sous-estimer l’impact économique de la santé au travail. Les retombées de l’ART sont difficiles à chiffrer, mais le dispositif s’inscrit dans un processus d’amélioration continue. Bien tarifée, cette nouvelle offre vise un équilibre global qui doit à terme faire baisser le prix des cotisations », indique Eric Blanc-Chaudier.

En cas de succès, Harmonie Mutuelle compte proposer sa nouvelle offre sur le plan national, d’abord auprès des grands groupes, puis en déployant une approche mutualisée en direction des PME.

Auteur

  • Pascale Braun