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Sur le terrain

Formation : Siemens, « entreprise apprenante »

Sur le terrain | publié le : 24.06.2019 | Marion Leo

Pour répondre aux défis posés par la digitalisation et la transition énergétique, Siemens a élaboré une plate-forme d’apprentissage intelligente, axée sur l’expérience de l’apprenant.

« Il faut raccourcir le temps nécessaire pour développer de nouvelles compétences. Tout doit aller plus vite » : Matthias Reuter, global director learning and digital transformation chez Siemens AG, va droit au but. Comme l’ensemble du monde industriel, le conglomérat allemand (83 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018, 379 000 salariés dans le monde), fondé en 1847, doit relever les immenses défis induits par la transformation numérique, sous peine de disparaître. Dernier changement en date : le 8 mai dernier, le groupe a annoncé la scission de toutes ses activités dans l’énergie, son cœur de métier, et son intention de se concentrer sur les techniques d’avenir que sont l’automatisation des usines et des bâtiments. Pour mener à bien une transformation d’une telle ampleur, l’entreprise doit bouleverser sa gestion des savoirs et ses méthodes d’apprentissage. Car elle doit être en mesure de développer en permanence de nombreuses et nouvelles compétences et identifier celles qui seront nécessaires dans deux ou trois ans. Pour Matthias Reuter, la voie à suivre est claire : Siemens doit faire preuve de « rapidité et d’agilité ».

Apprentissage personnalisé

Plus concrètement, Siemens a décidé il y a trois ans de se transformer en « entreprise apprenante ». Plus de 200 salariés dans le monde s’emploient à identifier, élaborer et tester des nouvelles solutions d’apprentissage, avec l’aide d’experts et de collègues issus des différentes divisions, le tout en étroite collaboration avec les clients. « Nous appelons cela un processus de cocréation », développe le global director learning and digital transformation. Un processus qui a permis de mettre en lumière une tendance de fond. La formation est touchée par la montée en puissance de l’individualisation. Baignant dans le numérique, les apprenants s’attendent à pouvoir trouver rapidement des réponses à leurs questions. Ils sont à l’affût d’expériences d’apprentissage personnalisées et souhaitent influer sur leur propre développement de compétences.

Dans ce but, Siemens a développé une plate-forme d’apprentissage intelligente (Learning Experience Platform), centrée sur l’expérience apprenant. Accessible à l’ensemble du personnel dans le monde via un smartphone ou un ordinateur, cette plate-forme permet au salarié d’y poster son profil, son parcours et ses sujets de prédilection. Il reçoit alors une offre personnalisée, qui l’aide à y voir plus clair. Siemens propose, en effet, pas moins de 10 000 modules de formation qui peuvent être suivis gratuitement sur le temps de travail. Mais ce portail Internet mise aussi sur la participation active des collaborateurs. Ces derniers peuvent par exemple transmettre leurs savoirs en tant qu’experts ou suivre d’autres collègues et liker leurs publications. Ils peuvent également partir à la recherche de formations sur des sujets tout à fait nouveaux. Ils obtiennent alors des informations transmises de « collègue à collègue », donc fiables. Facile d’accès, cet outil aide aussi Siemens à atteindre des groupes cibles jusqu’alors difficilement atteignables. Selon Matthias Reuter, plus de 140 000 salariés sont déjà inscrits sur la plate-forme et leur nombre ne cesse d’augmenter.

Liberté de choisir

En février dernier, Siemens a également lancé un autre projet qui accorde un rôle clé aux salariés. Pour adapter leurs compétences et mettre en place une nouvelle culture de l’apprentissage, l’entreprise a mis en place un Fonds pour le futur doté de 100 millions d’euros, destiné à financer, jusqu’en 2022, des qualifications aidant à répondre aux grandes évolutions structurelles. Mais contrairement aux formations existantes, ce sont les salariés qui choisiront leurs projets. Chaque département ou service est invité à évaluer ses besoins en matière de formation pour faire face à la digitalisation et à déposer un projet. Ces 100 millions d’euros viennent s’ajouter au budget courant de formation de 290 millions d’euros par an pour l’Allemagne (500 millions d’euros pour le monde).

L’initiative de Siemens s’inscrit dans une tendance de fond outre-Rhin. Bosch, Audi, Daimler… de nombreux groupes déploient déjà ou élaborent des concepts de learning company. Le gouvernement de grande coalition a, lui aussi, fait de la formation continue un sujet prioritaire et a adopté le 12 juin dernier une stratégie nationale, élaborée avec les partenaires sociaux et les Länder, qui prévoit entre autres la création de plateformes d’apprentissage interactives.

Auteur

  • Marion Leo