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Sur le terrain

Apprentissage : L’Alsace se prépare à l’industrie du futur

Sur le terrain | publié le : 24.06.2019 | Mathieu Noyer

Équipements, formations et mises en réseaux organisent l’accompagnement des actifs à la diffusion du numérique dans les secteurs traditionnels.

L’Alsace veut réussir son rendez-vous avec l’industrie 4.0. La Maison de l’industrie de Mulhouse (Haut-Rhin) sera, en grande partie, celle de l’industrie du futur. L’UIMM Alsace (Union des industries et métiers de la métallurgie), qui porte le projet avec des financements publics (région Grand Est et autres), y accueillera 300 élèves dans un centre de formation des apprentis de l’industrie (CFAI) à partir de début 2021. « La formation sera fortement orientée vers les concepts de l’usine 4.0 », indique Éric Daliguet, son délégué général. La fédération n’en est pas à son coup d’essai sur le sujet, puisqu’elle abrite déjà sur son site d’Eckbolsheim, près de Strasbourg, une « mini-usine du futur » dont les équipements familiarisent les apprentis avec la robotique, l’Internet des objets ou encore la cybersécurité. Le nouveau pôle de Mulhouse s’en inspirera. Avec ses autres formations en Alsace, elle initie chaque année 1 400 personnes à l’industrie du futur.

La Maison de l’industrie s’inscrit dans le cadre de la labellisation nationale du sud de l’Alsace comme « Territoire d’industrie » depuis début 2019. Ce programme revêt une forte coloration « 4.0 » qui s’incarne dans la plate-forme RH (voir encadré) et le Campus des métiers et qualifications qui devrait se constituer début 2020, à l’initiative de l’UIMM, de l’université de Haute-Alsace, de la région Grand Est et de la communauté d’agglomération de Mulhouse, M2A. « Le campus apportera la brique formation à l’écosystème local qui se constitue autour d’un tiers-lieu, le Km0. Il mettra en réseau les formations, pour permettre à chaque public, du CAP au bac + 8, de choisir à la carte celles qui le prépareront au mieux à la mutation de l’industrie », explique Laurent Riche, vice-président de M2A pour l’attractivité économique et l’innovation. Son modèle se rapprochera du Campus déjà labellisé depuis 2015 de Charleville-Mézières (Ardennes) : dédié aux « procédés et matériaux innovants », il fait accéder actuellement 1 130 apprenants, en formation initiale ou professionnelle, à des cursus de CAP à master et à des équipements technologiques dernier cri répartis entre son établissement support, le lycée François-Bazin, et 17 autres de Reims-Champagne-Ardenne. « Orienté dès sa constitution vers la fabrication additive, la robotique, l’impression 3D et la chaîne numérique, il se cale en permanence sur les besoins de l’industrie par le montage de nouvelles formations. À chaque niveau de qualification correspondent des perspectives d’emploi ciblées », décrit Marc Guéniot, proviseur du lycée Bazin.

Des fédérateurs dans le Grand Est

Le risque d’un éparpillement des initiatives existe. Mais le Grand Est fait tout pour les fédérer, grâce à son conseil régional et au syndicat des entreprises du numérique Syntec. La collectivité locale a signé un contrat d’objectifs territorial « industrie » commun à huit branches, et un autre « numérique » avec Syntec. Elle organise ainsi la passerelle entre les nombreuses formations continues à l’industrie qui intègrent la dimension 4.0 et celles du secteur numérique (data scientist, intelligence artificielle, cybersécurité…) à implications industrielles. Cette seconde catégorie représente un total de 800 places chaque année, réparti après appel d’offres entre divers organismes de formation pour un coût pédagogique de 5,2 millions d’euros pris en charge par la région. Les cursus se calent sur les besoins de recrutement et de montée en compétences régulièrement mis à jour par Syntec sur Numéric’Emploi Grand Est (NEGE), son portail… numérique, forcément.

Une plate-forme RH

Partie prenante du programme Territoire industrie du Sud-Alsace, la Plate-forme RH implante localement depuis ce printemps un outil développé depuis 2012 par le réseau des Maisons de l’emploi et de la formation (MEF). Centrée sur les PME de moins 50 salariés, elle leur proposera un appui au recrutement, l’aide au choix du contrat de travail approprié, l’explication des principes d’une fiche de poste ou de la GPEC… « Elle apportera une réponse de premier niveau qui ne vient pas concurrencer les organismes publics et privés », insiste Alexandra Walonislow, directrice de la MEF du Sud-Alsace. L’industrie du futur en sera un fil conducteur, pour diriger les entreprises vers les diagnostics en la matière de la région et de la CCI et pour identifier les besoins de compétences.

Auteur

  • Mathieu Noyer