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Insertion Le CFA Médéric donne le la

Le point sur | publié le : 24.06.2019 | Laurence Estival

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Insertion Le CFA Médéric donne le la

Crédit photo Laurence Estival

Depuis quatre ans, le CFA Médéric de l’École hôtelière de Paris propose une formation dédiée aux personnes souffrant d’un handicap les ayant empêchés de suivre une scolarité classique. Cette classe « Passerelle Handicap » est devenue, pour elles, un tremplin vers l’insertion professionnelle.

L’histoire commence en 2014. L’École hôtelière de Paris, qui accueille déjà une cinquantaine de jeunes en situation de handicap ayant le niveau scolaire suffisant pour suivre en apprentissage une des formations proposées, décide de passer à la vitesse supérieure : à la suite de la signature d’une convention entre le GNI-Synhorcat, le syndicat patronal, et l’Agefiph pour promouvoir le handicap dans les établissements, elle ouvre, en lien avec la région Ile-de-France, une classe « Passerelle Handicap » qui s’adresse cette fois-ci à tous ceux qui ont été détournés d’une scolarité classique en raison de leur handicap. « Il s’agit essentiellement de trisomiques qui pour la plupart d’entre eux ont un niveau scolaire de CE1 ou CE2. Nous allons les accompagner pendant un an afin qu’ils décrochent un emploi dans le domaine de la cuisine, de la pâtisserie ou du service », explique Nadia Maazouzi, adjointe de direction et « référente » de ce cursus.

Cette formation, qui débouche non pas sur un diplôme, mais sur une attestation de compétences reconnue par l’Éducation nationale, est encore un ovni dans le paysage éducatif. La motivation des candidats constitue le principal critère de sélection. « Chaque année, nous ne pouvons prendre que 15 élèves – 5 dans chaque domaine – tant le dispositif est exigeant et demande beaucoup d’énergie et de disponibilité de la part des formateurs », ajoute la responsable qui doit aussi veiller à ce que chaque admis puisse trouver un employeur pour l’accueillir tout au long de son parcours. Car si, entre septembre et avril, les heureux élus passent deux jours par semaine à l’École hôtelière et s’entraînent à l’heure du déjeuner dans le restaurant d’application, ils sont également deux autres jours sur le terrain afin de faire fructifier leurs acquis en conditions réelles et le cinquième jour dans leur établissement spécialisé de rattachement. En mai, ils réalisent leur stage de fin d’études dans leur entreprise d’accueil à temps complet avant de voler de leurs propres ailes…

Bienveillance et confiance en soi

Les résultats sont eux aussi à la mesure de cet engagement hors normes : « Sur les trois promotions qui sont déjà sorties, deux élèves ont abandonné dont un seul en raison des difficultés rencontrées, le second ayant préféré se réorienter vers un autre secteur d’activité », met en avant Nadia Maazouzi. « C’est souvent difficile pour les élèves bien sûr mais aussi pour les formateurs qui doivent sans arrêt rabâcher, jusqu’à ce qu’ils soient entendus et que les informations soient intégrées. Il faut faire preuve de bienveillance », pointe Claude Bluzet, formateur mais aussi maître d’apprentissage depuis deux ans quand cinq jeunes sont arrivés à l’Hôtel Matignon, où il travaille comme premier maître d’hôtel, dans le cadre d’une opération de sensibilisation au handicap souhaitée par le Premier ministre. « Au départ, j’étais sceptique. Je me demandais bien comment cela allait se passer et surtout ce que nous allions faire avec eux, se souvient-il. Et puis, au bout de deux jours, je me suis dit que ça valait le coup de participer à cette aventure. Les jeunes sont attachants, ils peuvent apporter beaucoup de choses. Et Michaël que nous avons accueilli cette année ici après avoir suivi Antoine, aujourd’hui embauché au Café du commerce, est devenu une véritable mascotte. Tout le monde le réclame ! Servir les ministres et les conseillers est un honneur et il a pris confiance en lui. »

Il n’y a d’ailleurs pas que sous les dorures de l’hôtel Matignon que la classe passerelle a fait des émules : du Fouquet’s au palace The Peninsula en passant par les autres ministères, on se bouscule pour accueillir des jeunes qui séduisent par leur motivation et leur souci de toujours mieux faire. Au point que transformer le stage en emploi est devenu une quasi-formalité pour l’ensemble de la promotion…

Auteur

  • Laurence Estival