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Compétences : « L’Ascenseur » inauguré à Bastille

L’actualité | publié le : 24.06.2019 | Lys Zohin

Regroupant une vingtaine d’associations visant à améliorer la mobilité sociale de personnes défavorisées par un meilleur accès à l’éducation, à la culture et à l’emploi, le lieu, épaulé par plusieurs entreprises, vient d’être inauguré.

Parce que l’ascenseur social est en panne depuis plusieurs années en France, que 9 % seulement d’enfants d’ouvriers vont à l’université (niveau master), contre 40 % d’enfants de cadres, que le chômage est 2,5 fois plus élevé dans les « quartiers » que dans le reste de l’Hexagone et parce qu’il faut 180 ans pour qu’un enfant issu d’une famille pauvre atteigne le revenu moyen, de nombreuses associations cherchent à relancer la machine de l’égalité des chances.

Pour mieux travailler ensemble, une vingtaine d’entre elles (soit environ 200 collaborateurs au total) ont décidé de se regrouper pour faire jouer les synergies, dans un lieu baptisé L’Ascenseur, inauguré récemment près de la Bastille. Les bénéficiaires peuvent ainsi aller d’une association à une autre, au fur et à mesure de leur évolution.

Parmi les associations regroupées au sein de L’Ascenseur, l’Institut Télémaque révèle le potentiel de collégiens, lycéens et apprentis issus de milieux modestes repérés par leurs enseignants grâce à un double tutorat école-entreprise. Fête le mur (créé en 1996 par Yannick Noah) permet aux enfants et aux jeunes des quartiers prioritaires de suivre un parcours d’éducation et d’insertion grâce à la pratique du tennis. Article 1 accompagne également les jeunes de milieux populaires vers leur réussite scolaire et professionnelle.

Eloquentia leur permet, par le verbe, de gagner en confiance en eux à travers des prises de parole en public et des concours d’éloquence.

Par le don d’une tenue vestimentaire professionnelle et des conseils sur les entretiens d’embauche, La Cravate solidaire transmet les codes de l’entreprise à ces jeunes. Mozaïk RH, lancé en 2007, crée des passerelles entre candidats et recruteurs pour accélérer l’inclusion économique de tous les talents…

« Lorsque nous avons décidé de nous regrouper, il nous restait à trouver un lieu, raconte Benjamin Blavier, coprésident d’Article 1. Pas facile, pour des associations sans moyens, de convaincre le propriétaire de l’immeuble. » C’est là que les entreprises sponsors sont entrées en piste. « BNP Paribas s’est portée caution pour les associations sur six ans, et nous a fait entre autres bénéficier d’un mécénat de compétences pour la communication », poursuit Benjamin Blavier.

« Lorsque le projet de L’Ascenseur m’a été présenté, j’ai immédiatement été conquis », souligne Jean-Laurent Bonnafé, directeur général du groupe BNP Paribas. « Comme toutes les équipes BNP Paribas embarquées dans l’aventure, d’ailleurs. C’est l’engagement collectif qui fait la force et l’originalité du projet », ajoute-t-il. La Fondation Accenture, SFR, PWC, Havas Paris, la SNCF, la fondation d’entreprise Vinci pour la Cité, Abalone-agence d’emplois et la Mairie de Paris font également partie des organisations qui soutiennent le projet.

Objectiver les compétences transversales

S’il reste encore beaucoup de progrès à accomplir pour que la société profite des talents issus des milieux modestes, les success stories abondent. Créé en 2005 en partenariat avec le ministère de l’Éducation national, l’Institut Télémaque, présidé par Henri Lachmann (ancien PDG de Schneider Electric), peut ainsi témoigner que ses protégés ont réussi à intégrer une université ou Sciences Po, et trouvé un emploi prometteur. Aujourd’hui, les associations réunies à L’Ascenseur veulent aller plus loin. « Les DRH n’ont plus le choix, relève Benjamin Blavier. Si les entreprises veulent trouver des talents, elles doivent se concentrer sur autre chose que les seuls diplômes. Nous voulons donc faire en sorte d’objectiver les compétences transversales, les fameuses soft skills, que possèdent aussi les jeunes des milieux défavorisés, en créant des correspondances », explique-t-il. De fait, si un jeune a fait de la boxe dans une salle de banlieue, il est permis de penser qu’il a un bon mental, précieux également pour une bonne performance professionnelle.

Résilience, créativité, endurance, sens de la débrouille et de l’équipe sont autant de qualités que pourraient s’adjoindre les entreprises, si elles décidaient de tendre la main à ces talents en recherche de reconnaissance, comme certaines le font déjà, en amont, à l’école, ou plus tard, lors du recrutement.

Auteur

  • Lys Zohin