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Innovation : Dropbox cultive la créativité et célèbre même l’échec

Sur le terrain | publié le : 17.06.2019 | Lys Zohin

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Innovation : Dropbox cultive la créativité et célèbre même l’échec

Crédit photo Lys Zohin

À l’occasion de la Hack Week, qui a lieu tous les ans au sein des filiales de la société Dropbox à travers le monde, des équipes planchent sur les idées les plus folles. Un prix du plus bel échec est même décerné, pour dédramatiser et apprendre.

Des projets pour améliorer les produits, être au plus près des besoins des 500 millions d’utilisateurs ou simplement s’éclater au travail : le site dédié à la Hack Week de Dropbox sera bientôt ouvert pour accueillir toutes les idées que les collaborateurs voudront soumettre. Ils devront convaincre des membres de l’entreprise, quels que soient leur spécialité et leur statut hiérarchique, de plancher ensemble pendant une semaine, à la rentrée de septembre, et mener si possible le projet à bien.

Lancée en 2010, la Hack Week a lieu tous les ans, dans toutes les filiales de la multinationale spécialisée dans le service de stockage et de partage de copies de fichiers en ligne. À l’issue de cette semaine spéciale, des prix sont décernés pour récompenser les meilleurs projets produits, les plus belles initiatives culture, et même les échecs les plus retentissants. « Le but est que les collaborateurs expriment leur créativité, dans tous les domaines », explique Thibaut Champey, country manager France pour la société depuis quatre ans. Il se souvient d’une comédie musicale, imaginée il y a quelques années par les équipes de San Francisco, siège de l’entreprise créée en 2007. Un projet couronné par une représentation dans un théâtre de la ville. « En Europe, à l’occasion de chaque Hack Week, nous travaillons en équipe, par vidéoconférence, sur une trentaine de projets, précise-t-il, et nombreux sont les collaborateurs, parmi les 300 personnes basées sur place (sur 2 000 salariés dans le monde), qui participent. »

Créativité, sens de l’équipe, engagement des collaborateurs, bien-être au travail, la Hack Week est un succès depuis ses débuts. « Nous avons remarqué que 30 % des nouveaux produits tirent leur origine de cet exercice. Un taux particulièrement élevé », relève Thibaut Champey. S’il ne veut pas révéler les secrets de fabrication des produits Dropbox, le country manager France cite le cas d’un prototype auquel il a contribué lors d’une Hack Week pour de nouvelles fonctionnalités et qui a ensuite été développé avec succès par l’entreprise.

Un « Epic Fail Award »

À l’issue des cinq jours de travail en équipe, les collaborateurs votent pour récompenser les projets les plus ambitieux et les plus prometteurs, mais ils valorisent également les échecs, qui se voient décerner un « Epic Fail Award ». « C’est dans la culture de base à San Francisco, souligne Thibaut Champey. Nous encourageons les équipes à tester des idées et nous acceptons que certaines soient des échecs. » D’autant que les échecs sont analysés en public, au même titre que les succès, afin d’apprendre de ces ratages. « Parfois, cela nous fait mettre le doigt sur un problème plus large, qu’il nous faut régler, dit-il. Et puis tout le monde applaudit à la fin de la cérémonie, pour tous les “awards”, même le fameux “Epic Fail”, ce qui rend cette partie plus facile à vivre, en particulier pour un Français. »

De fait, si la « culture de l’échec » est largement répandue et même encouragée dans la Silicon Valley, où l’on s’enorgueillit d’avoir raté le lancement d’une start-up, par exemple, quel écho trouve-t-elle dans les équipes en Europe et particulièrement en France, où un échec est encore stigmatisant ? « Le fait que nous opérions en équipe nous sort de la responsabilité individuelle », répond le country manager France. C’est vrai pour la Hack Week comme pour les opérations en général, qui requièrent la collaboration de plusieurs spécialités – du back-office technique à la gestion de données en passant par le design et le graphisme.

Des talents sans « ego »

Une culture renforcée par le système d’attraction des talents. « Le process de recrutement porte non seulement sur les compétences, mais aussi sur la capacité des candidats à travailler en équipe et à faire la preuve d’un ego sain et équilibré », précise ainsi Thibaut Champey. Et puisque Dropbox a la chance d’être une marque attrayante, les candidats ne manquent pas et la sélection peut se permettre d’être exigeante. « La semaine dernière encore, nous avions un candidat avec une bonne expérience, capable de prendre des responsabilités, mais plusieurs membres de l’équipe ont noté un “trop d’ego”. La perspective d’une inadéquation par rapport à nos valeurs nous a fait prendre la décision de stopper le processus de recrutement. » Avis aux Narcisse.

Auteur

  • Lys Zohin