Peu connue du grand public, La Brosse et Dupont est pourtant omniprésente dans les grandes enseignes de la distribution. Ses produits se retrouvent dans des rayons régulièrement visités : beauté, coiffure, hygiène ou plus globalement « maison ». Avec 900 salariés, dont 700 en France répartis sur quatre sites, cette ETI gère un catalogue de plus de 6 000 références. En 2014, La Brosse et Dupont décide d’engager une action afin d’inclure des personnes en situation de handicap dans ses activités. Aux yeux de Sandra Favaretto, la DRH, rien de bien extraordinaire dans cette démarche : « Pour certains, le handicap représente un obstacle pour travailler dans des situations qui exigent de la réactivité, d’où les incitations légales pour que les entreprises emploient des personnes en situation de handicap. Nous sommes convaincus qu’une personne en situation de handicap peut nous apporter sa compétence, son engagement et contribuer à l’activité de l’entreprise. »

Une telle conviction peut pourtant tenir de la gageure dans un secteur soumis à des contraintes fortes. Les sites logistiques de La Brosse et Dupont doivent en effet livrer les points de vente dans des délais très brefs. Une réalité qui n’a pas empêché de nouer un premier partenariat avec un ÉSAT (Établissement et service d’aide par le travail) dont une équipe a réalisé le conditionnement des produits. En 2014, un nouveau pas est franchi. La Brosse et Dupont décide en effet d’accueillir un ÉSAT au sein de l’un de ses sites. Au préalable, les équipes ont été informées, ainsi que les représentants du personnel et les salariés afin de favoriser le bon déroulement du projet et susciter une implication globale. Les postes affectés aux nouveaux arrivants ont par ailleurs été aménagés et une montée progressive en compétences a été menée.

Une telle intégration de personnes en situation de handicap au sein d’un site de La Brosse et Dupont a eu selon l’entreprise plusieurs effets positifs. Elle a d’abord permis de gagner en réactivité et en simplicité dans la gestion des flux tout en évitant les ruptures de charge. Ensuite, réunir sur un même site des personnes travaillant habituellement dans un ÉSAT et celles évoluant dans le « milieu ordinaire » a eu des vertus réciproques, estime Sandra Favaretto : « Les salariés apprennent à se connaître. Nous avons également donné aux personnes en situation de handicap la possibilité d’exercer leur savoir-faire ; de leur côté, elles nous ont apporté leur réel désir de bien faire. Cela fait partie de notre démarche pour intégrer la diversité dans l’entreprise et ne pas en rester à un stade de concept, la culture de notre groupe étant certainement un facteur clef de réussite. »

Enfin, cette démarche a permis une montée en compétences des personnes en situation de handicap. Les tâches initiales de conditionnement se sont progressivement enrichies. Ces équipes sont désormais en mesure de bâtir des offres promotionnelles destinées aux enseignes. Cette activité se caractérise par la production de présentoirs arborant jusqu’à 170 produits différents. Ce travail exige une minutie particulière puisqu’il faut que chaque produit corresponde à un emplacement et une référence précis. C’est sur la qualité de ces correspondances que reposent la qualité des flux logistiques et, in fine, le niveau des ventes. En 2017, les équipes en situation de handicap ont ainsi produit 14 392 présentoirs.

Après quatre ans, l’expérience menée dans le site logistique accueillant une sorte de ÉSAT « in door » a été jugée largement positive. En septembre 2018, l’initiative a donc été étendue à une usine, cette fois en partenariat avec un autre ÉSAT. La Brosse et Dupont compte aujourd’hui parmi ses effectifs plus de 6 % de personnes en situation de handicap et il est possible d’aller plus loin, laisse entendre Sandra Favaretto : « La diversité est un sujet sur lequel nous continuons bien entendu à travailler. » Un travail sur la durée qui doit aussi sans doute à une longue histoire. En 2020, La Brosse et Dupont fêtera en effet son 175^e anniversaire.