Google poursuit son incursion sur le marché de l’emploi. Lancé il y a deux ans aux États-Unis, Google for Jobs est déjà présent dans 120 pays. En Europe, l’application fonctionne déjà au Royaume-Uni, en Espagne et depuis mai en Allemagne. Les internautes français peuvent y accéder depuis le 7 juin. Ils n’ont plus besoin de cliquer successivement sur un lien puis le suivant et ainsi de suite pour accéder à des offres d’emploi. Leur descriptif est directement accessible dans la page du moteur de recherche. Google propose en prime des filtres permettant de trier les offres par lieu, date de publication, type (CDI, CDD, intérim, temps partiel, stage…) et par employeur. Une fois connectés à leur compte et donc localisés, les internautes pourront même avoir une estimation du temps de trajet entre leur domicile et l’entreprise proposant tel ou tel poste, mais aussi comment s’y rendre par le truchement de Google Maps. Sous le descriptif du poste apparaissent aussi, sous forme d’étoiles, des évaluations de l’employeur émanant de sites comme Viadeo ou Glassdoor.

Google a même prévu l’usage multiple des terminaux. Une offre repérée le matin sur un mobile pourra être revue plus tard sur un desktop ou un autre appareil. Sans oublier bien sûr la possibilité de poser une alerte mail pour recevoir des offres correspondant à des critères précis. Très attentif à l’expérience utilisateur, Google for Jobs filtre les annonces. Si plusieurs jobboards proposent la même, elle ne sera affichée qu’une seule fois. L’internaute dispose cependant de toute latitude pour se rendre ensuite sur l’un des sites proposant l’offre, en consulter l’intégralité et, le cas échéant, proposer sa candidature.

La firme de Montain View met en avant le gain de temps que vont réaliser les internautes, à qui seront épargnés d’incessants allers-retours entre la liste des liens et les sites d’annonces. Google for jobs devrait aussi éliminer les annonces périmées, permettant ainsi aux candidats de se consacrer exclusivement à des postes réellement disponibles. Pour l’heure, aucun système d’enchères n’est prévu mais des liens payants (Annonces Adwords) pourront apparaître au-dessus du cadre listant les offres d’emploi.

Pour les sites d’emploi, l’accès à ce service est pour l’instant gratuit, à condition de rajouter des balises spécifiques au code des pages listant les offres. Les grands noms de l’emploi en ligne ont adhéré à cette initiative, dans l’espoir de multiplier le nombre de candidats postulant aux offres. Lors des tests menés en avril, Cadremploi a vu ce « taux de conversion » multiplié par cinq. Reste à savoir si tous les jobboards bénéficieront de cette manne ou si elle sera canalisée vers quelques « happy few » au détriment de tous les autres. En Allemagne, le site d’offres d’emploi Stepstone, appartenant à l’éditeur Axel Springer, a déjà déposé une plainte en 2018 auprès de la Commission européenne, accusant ce nouveau service de fausser la libre concurrence. Depuis le lancement de Google for Jobs outre-Rhin, Stepstone a vu fondre le nombre de requêtes provenant de Google. Simple hasard ou élément clef d’une nouvelle bataille juridique opposant le géant de Montain View à l’Union européenne ?