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Sur le terrain

Pays-Bas : Brunel s’engage pour l’emploi des autistes

Sur le terrain | publié le : 10.06.2019 | Didier Burg

La société néerlandaise, spécialisée dans le détachement de personnel hautement qualifié, entend mettre en place, au sein de ses filiales dans une dizaine de pays, des procédures pour faciliter l’embauche d’autistes chez ses clients.

Sens extrême du détail, concentration au plus haut niveau, précision exemplaire : les autistes peuvent se révéler des « perles » pour une entreprise. « Ces personnes, qui possèdent des talents, apportent une valeur ajoutée trop souvent méconnue, du fait de leur aversion à l’imprévisible et de leur difficulté à avoir des relations sociales », souligne Jilko Andringa, directeur général de Brunel, un groupe néerlandais spécialisé dans le détachement de personnel hautement qualifié, coté en Bourse et employant 14 000 personnes.

En les négligeant, « les entreprises risquent de passer à côté d’une chance de trouver le personnel qu’elles recherchent », constate cet entrepreneur de 53 ans. Pour lui, les autistes sont avant tout des salariés hors pair pour analyser ou décortiquer des données ou des procédés. « Ils sont champions du “sans faute” », s’enthousiasme-t-il. « Le secteur des technologies de l’information ou les emplois très techniques sont parfaitement adaptés à leurs compétences », précise-t-il.

Toutefois, si une personne sur 100 serait atteinte d’autisme, plus de la moitié de celles qui ont un niveau d’intelligence normal sont sans emploi. Brunel a pris les devants pour faire évoluer cette situation.

Développement durable

Dans la nouvelle stratégie mise en œuvre par Jilko Andringa lors de sa prise de fonction, en mai 2018, un chapitre entier était consacré au développement durable au niveau humain. L’objectif ? Mettre en œuvre au sein de Brunel un projet visant à venir en aide à des catégories de personnes pénalisées par un accès limité au marché du travail. « Des salariés enthousiastes, ayant eux-mêmes une expérience personnelle avec des autistes, ont proposé un projet axé sur l’accompagnement de ces personnes. Après concertation, la direction a donné son accord », se souvient le dirigeant.

L’entreprise a donc adopté des procédures adaptées pour faciliter l’emploi des autistes aux Pays-Bas. Grâce à une collaboration avec des instituts spécialisés, des salariés en contact avec la clientèle ont été formés pour prendre en charge le destin professionnel de personnes atteintes d’autisme : rédaction de lettres de candidature, aide à la préparation de l’entretien d’embauche, conseils vestimentaire ou de comportement… Aujourd’hui, l’objectif de Brunel est d’étendre cette politique en faveur des autistes dans une dizaine de ses filiales à l’étranger (soit 80 % de son activité). Dans un premier temps, une vingtaine de salariés vont être formés aux Pays-Bas et en Allemagne pour transmettre aux filiales les méthodes à appliquer en vue de l’insertion d’autistes. Leur formation, sur deux jours, est assurée par des instituts spécialisés.

« Dans chaque filiale, un ou plusieurs consultants spécialisés pourront prendre en charge les autistes à la recherche d’un travail. À terme, plusieurs dizaines de membres de notre personnel seront en mesure d’accompagner ces personnes », détaille le directeur général.

Environnement de travail

Mais un gros travail doit aussi être effectué en amont, en direction des clients de Brunel. Les entreprises seront informées des avantages à recruter cette catégorie de personnel mais aussi des contraintes qui s’y attachent. Pour les aider dans cette tâche, Brunel a fait appel à la fondation danoise Specialisterne, spécialisée dans l’aide aux autistes au niveau mondial. Celle-ci se charge d’expliquer aux entreprises étrangères locales, clientes de Brunel, la manière de procéder pour accueillir du personnel atteint d’autisme.

Specialisterne les informe en particulier sur l’environnement qu’elles doivent offrir. Par exemple, les espaces de travail paysagers sont peu adaptés. En revanche, deux autistes peuvent tout à fait partager un même bureau. Attention également au niveau sonore sur le lieu de travail : les autistes y sont très sensibles. De même, mieux vaut éviter les passages fréquents de collègues dans leur entourage. Et surtout, les autistes ont une intolérance forte aux relations sociales imprévues. « En prévision d’une réunion, ils vont chercher des photos des personnes conviées sur Internet et regardent sur Google qui elles sont », signale le directeur. Brunel anticipe des retombées positives en interne de cette « main tendue ». « Les salariés en tirent un sentiment de fierté qui ne peut être que bénéfique à la société en termes de prestations sur le lieu de travail », conclut le directeur général.

Auteur

  • Didier Burg