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Sur le terrain

Mobilité professionnelle : La RATP veut recruter des chauffeurs et livreurs Uber grâce aux soft skills

Sur le terrain | publié le : 03.06.2019 | Catherine Abou El Khair

La RATP s’engage à tenir compte des candidatures d’ex-chauffeurs de l’entreprise de VTC en se basant sur leurs compétences transversales, validées par une plateforme.

Élaborer des « actions concrètes sur les parcours professionnels à l’ère digitale ». Dans le cadre du sommet Tech for Good organisé par l’Élysée et regroupant les leaders français et internationaux de la tech, une première initiative a été annoncée par l’un des plus connus d’entre eux, Uber. Le 15 mai dernier, l’Américain a dévoilé, avec le Groupe RATP, un projet visant à « faciliter la mobilité professionnelle » des chauffeurs VTC et coursiers Ubereats vers le réseau de transports. Un moyen, pour l’entreprise, d’« améliorer la qualité du travail à l’ère du numérique », alors que la précarité des indépendants collaborant avec les plateformes est régulièrement dénoncée.

Uber enregistrait, fin 2018, 28 000 chauffeurs actifs sur son application ainsi que 14 000 coursiers livrant des plats sous la marque Ubereats. Si certains de ces indépendants « ont vocation à utiliser la plateforme parfois très longtemps », d’autres l’utilisent « aussi de manière plus limitée, pendant deux ou trois ans, parce qu’ils ont eu envie de tester ou parce qu’ils ont eu une difficulté dans leur métier précédent », souligne Mayya Layt, directrice des opérations chez Uber, qui estime avoir « un rôle à jouer dans l’accompagnement et la création d’opportunités ». L’initiative, veut-elle croire, participera à l’attractivité de l’entreprise auprès de chauffeurs. Des candidats activement recherchés par la société américaine, alors qu’ils sont de plus en plus courtisés par les différentes applications et compagnies présentes sur le marché.

Des savoir-faire en relation client

Du côté de la RATP, ce partenariat permettrait de diversifier les sources de recrutement d’autant que la régie a de gros besoins, prévoyant, notamment, d’embaucher 1 400 conducteurs de bus en 2019.

Attentive aux compétences de service, elle s’engage aussi à tenir compte des soft skills formellement validées par les chauffeurs VTC et livreurs à l’occasion de leur activité. Car à défaut des diplômes, ces derniers détiennent des savoir-faire en gestion des conflits ou relation client, souligne la responsable d’Uber Mayya Layt.

Or aujourd’hui, « ils n’ont pas toujours conscience qu’ils ont des compétences ». Pour l’heure, « les candidatures labellisées des travailleurs indépendants utilisant l’application Uber seront valorisées pour faciliter leur mobilité professionnelle vers le Groupe RATP », promettent les partenaires, qui n’en sont encore qu’aux prémices.

Pour concrétiser cette « passerelle », Uber et la RATP vont s’appuyer sur l’association Article 1 qui œuvre pour l’insertion des jeunes défavorisés. Avec l’appui financier de Google et des cofinancements de partenaires privés, elle met au point la plateforme Jobready.fr, actuellement en test, qui sera chargée d’identifier les soft skills des candidats. Les utilisateurs pourront raconter à un chatbot (robot conversationnel) leurs différentes expériences professionnelles mais aussi extraprofessionnelles à leur actif, même brèves. Lesquelles seront ensuite converties par un algorithme en 25 soft skills possibles : rigueur, fiabilité, empathie, réflexion, contrôle de soi, gestion de l’incertitude, stress… Des compétences répertoriées par le réseau européen eLene4work soutenu par le programme Erasmus + et déjà utilisé par des universités européennes.

« Open badges »

Étape suivante : ces compétences seront validées par des « évaluations externes », issues par exemple d’appréciations d’ex-employeurs, qui attesteront de cette acquisition des soft skills. Pour aboutir in fine à des « open badges » ou « microcertifications numériques ». « On invite les entreprises à donner une valeur à nos badges. Si telle personne parce qu’elle a fait de la boxe a une capacité importante en contrôle de soi, vous devez reconnaître que ça a une valeur », explique Benjamin Blavier, coprésident et cofondateur de l’association. Reste à ce que les recruteurs intègrent réellement cette nouvelle logique. Les employeurs devront en effet pouvoir « job par job être plus précis sur les compétences dont ils ont besoin » en lien avec ces soft skills, souligne-t-il. Cet effort d’objectivation est selon lui essentiel pour ne pas réduire l’usage d’une telle plateforme à une simple opération de communication sur la diversité.

D’autres entreprises associées

Mobilisé dans le cadre du sommet Tech For Good, le groupe de travail “Emploi” piloté par Uber et Orange a réuni une dizaine d’entreprises, toutes issues de la tech, telles que Google, Sigfox, Accenture ou encore Deliveroo.

Auteur

  • Catherine Abou El Khair