À Batilly (Meurthe-et-Moselle), le succès du Master se traduit par une intensification des recrutements, une amélioration de l’intégration et une volonté accrue de féminisation. L’unique site mondial de fabrication des véhicules utilitaires de Renault a intégré 290 salariés en CDI depuis 2016 et engage une nouvelle vague de 80 embauches. « Les vagues d’embauche ont coïncidé avec une raréfaction de la main-d’œuvre, dans un bassin d’emploi tendu, car proche du Luxembourg. Nous avons dû retravailler et diversifier nos modes de recrutement pour répondre à nos besoins », indique Emmanuelle Rival, DRH de Sovab. L’usine a fortement accru sa productivité, passant de 133 000 véhicules en 2016 contre 160 000 deux ans plus tard, sans grande incidence sur son effectif permanent, passé de 2 136 à 2 185 CDI sur cette même période. Le nombre d’intérimaires a, quant à lui, baissé, passant de 672 à 560 aujourd’hui, dont une centaine en CDI intérimaires. « Nous nous réjouissons des embauches, mais le volant de précaires reste trop important compte tenu d’une production en plein essor », estime Monique Thilly, secrétaire CGT du CSE. La direction rappelle quant à elle que le site, qui exporte 70 % de sa production, reste tributaire de marchés internationaux instables par nature.

En production, les intérimaires demeurent le principal vivier de recrutement de Sovab. Pour préparer leur embauche et faciliter leur intégration, le constructeur lorrain a créé un centre de formation agréé par la Direccte Grand Est en juillet 2018. « Notre objectif est d’élever le niveau de nos recrues, d’améliorer le parcours d’intégration et de valoriser le travail des formateurs », explique Emmanuelle Rival. Trois salariés détachés assurent a minima deux séances de formation par semaine, à raison d’une dizaine de personnes accueillies durant trois jours. Les intérimaires sont formés à la sécurité, au process et à la compréhension des consignes. Le parcours concerne l’atelier de montage et aborde les métiers de la tôlerie, avant d’englober ceux de la peinture au cours des prochains mois. La formation concerne non seulement les intérimaires en phase de recrutement, mais aussi tous les futurs salariés arrivant par d’autres canaux. À terme, le centre pourrait réintégrer des formations jusqu’alors dispensées par des partenaires extérieurs.

Le besoin de main-d’œuvre incite également le constructeur à féminiser ses postes. Naguère quasi absentes, les femmes ont fait leur apparition dans l’encadrement, aux fonctions de cheffes d’équipes et comme opératrices. L’amélioration des conditions de travail et la robotisation, qui mobilisent de 3 à 4 millions d’euros par an, favorisent l’emploi féminin. Le site a ainsi introduit des préhenseurs à la tôlerie pour faciliter la manipulation des capots. « Il reste à déployer ces aménagements sur l’ensemble de l’usine et à résorber les écarts de salaires, qui subsistent », pointe Dominique Leclaire, secrétaire général adjoint SUD du CSE. Pour contribuer à changer les mentalités, le constructeur intervient dans les écoles et invite des lycéennes et étudiantes à visiter son site.

La diversification du vivier de recrutement passe également par l’intégration de candidats présentant peu, voire pas d’expérience dans l’industrie. Au cours des deux dernières années, Sovab a mis en place des formations professionnalisantes en partenariat avec Pôle emploi et l’Afpa. L’usine, qui exige au minimum un CAP pour intégrer les lignes de fabrication, a mis en place un titre professionnel en alternance d’une durée de huit mois. Les parcours débouchent sur des certifications, des Certificats de qualification paritaire de la métallurgie reconnus par la branche. Le dispositif a déjà profité à une cinquantaine de bénéficiaires. Premier employeur privé de Meurthe-et-Moselle, Sovab accueille par ailleurs 120 alternants sur son site.