Comment réduire un turn-over excessif en élargissant le vivier potentiel de candidats ? La chaîne de restauration a choisi de déployer une solution de recrutement prédictif dont le paramétrage reposera sur les données directement recueillies auprès des salariés en poste.
Avec un turn-over de 60 %, voire de 80 % pour certains métiers, la chaîne de restauration Courtepaille se devait de trouver une alternative. D’autant plus que le phénomène avait tendance à s’aggraver naturellement. Confronté à la pénurie de candidats, de nombreux directeurs d’établissements centraient leurs recherches sur les profils qu’ils estimaient les plus proches du poste à pourvoir, ce qui rendait encore plus difficile le recrutement… Erwan Jalinier, le DRH, a décidé de mettre un terme à cette spirale afin de « trouver des personnes capables de remplir les missions, même s’ils sont peu ou pas formés lorsqu’ils rejoignent [l’entreprise] ».
Pour atteindre cet objectif, il a jeté son dévolu sur la solution de recrutement prédictif d’Infor : « Trois paramètres ont permis de prendre une décision favorable : la qualité du test de personnalité, l’exploitation qui en est faite et la profondeur du travail effectué pour définir les profils dont nous avons besoin. » D’une durée de 25 minutes, le test de personnalité se compose de deux volets : le premier détermine le mode d’analyse qu’utilise la personne (10 minutes), le second ses préférences comportementales, c’est-à-dire la façon dont elle réagit face à une situation (15 minutes). Courtepaille estime que l’adoption de ce nouveau dispositif devrait réduire d’une semaine en moyenne la durée complète d’un cycle de recrutement. « C’est important car c’est le délai qui peut nous faire perdre un candidat au profit d’un concurrent », note le DRH.
L’outil est en phase de paramétrage. Le test de personnalité destiné à recruter les directeurs d’établissement sera prêt cet été, celui des serveurs en octobre. Pour les paramétrer, ce sont les titulaires en poste qui ont été mobilisés. Les données recueillies auprès de 160 directeurs d’établissement ont ensuite été croisées avec les évaluations fournies par les directeurs régionaux qui supervisent les établissements. « Cela permet de déterminer quels critères comportementaux sont corrélés aux meilleurs résultats », indique Erwan Jalinier. S’il ne prend pas la décision, qui restera du ressort des RH pour les directeurs d’établissement et de ces derniers pour les serveurs, il apporte cependant une aide appréciable. Si le test de personnalité détecte une difficulté potentielle du candidat, l’outil suggère des questions à poser lors de l’entretien afin d’en savoir plus.
Il peut aussi apporter des conseils pour mieux évaluer l’attitude du candidat. De quoi faciliter plus particulièrement la tâche des directeurs d’établissement qui, sans être des spécialistes des RH, doivent évaluer les candidats au poste de serveur. Ce nouveau dispositif présente un autre avantage : il est « apprenant ». Le questionnaire de personnalité initial sera en effet enrichi au fil du temps avec les données recueillies durant le parcours du salarié. « En les croisant avec les caractéristiques des candidats, il sera possible d’affiner la correspondance entre les attitudes comportementales et nos besoins », précise Erwan Jalinier.
Confiant dans l’efficacité de son outil, le DRH de la chaîne de restauration a conscience que le succès de la démarche reste tributaire de l’attitude des directeurs d’établissement. Courtepaille a donc choisi de les former et de les accompagner mais aussi de les impliquer dans le paramétrage de l’outil. Ils pourront aussi participer à l’analyse des résultats. De quoi pousser Erwan Jalinier à l’optimisme : « Je suis très confiant car les premiers retours des directeurs d’établissement sont positifs et montrent que nous devons aller chercher des candidats au-delà de l’univers classique de la restauration. »
Courtepaille compte atteindre deux objectifs en adoptant ce système de recrutement prédictif. D’abord réduire le turn-over. Infor, société fournissant la solution, a fait valoir des baisses pouvant atteindre 30 %. Mais il devrait également permettre d’améliorer l’attractivité et d’élargir l’ouverture de l’enseigne à d’autres types de candidats. « Nous souhaitons attirer des profils à la recherche de métiers très complets, explique Erwan Jalinier. Cela peut intéresser des personnes travaillant dans la distribution par exemple, qui ont des horaires variables, travaillent en équipe mais dans un périmètre sans contact client. Chez Courtepaille, ils pourraient retrouver en partie ce qu’ils connaissent déjà mais aussi se développer et gagner en polyvalence. » L’enseigne met aussi en avant les opportunités de carrière en précisant qu’un serveur peut en quelques mois devenir assistant, puis adjoint, voire directeur après quelques années.