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Témoignage : Pas question de CDI

Le point sur | publié le : 27.05.2019 | L. Z.

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Témoignage : Pas question de CDI

Crédit photo L. Z.

Alexandre Berrebi, développeur spécialisé, a choisi, après un début de carrière dans l’industrie, de devenir indépendant. Une décision qu’il assume pleinement.

Freelance depuis plus de trois ans, Alexandre Berrebi, 33 ans, développeur spécialisé, est pleinement satisfait de son nouveau statut. Certes, le métier de développeur est très demandé, et il n’a donc aucun problème pour trouver des missions intéressantes, dans des équipes de haut vol, et surtout, qui lui permettent « d’avoir un impact ». Car c’est ce que recherche avant tout cet ingénieur de formation, qui a commencé sa carrière dans l’industrie, de l’automobile à l’aérospatiale en passant par le ferroviaire. « J’occupais mon temps à réfléchir à l’optimisation des process dans les organisations sans avoir de réel impact sur le terrain », regrette-t-il. Conséquence de cette frustration, il quitte son dernier employeur et s’inscrit sur l’une des plateformes qui font le lien entre freelances et clients. « J’ai tout de suite décroché une mission au Boston Consulting Group. Je n’avais pas imaginé pouvoir travailler si rapidement pour un cabinet aussi prestigieux ! », s’exclame-t-il.

Depuis, Alexandre Berrebi n’a cessé d’enchaîner les missions informatiques de plusieurs mois dans de grands groupes et dans des secteurs variés. « Et je n’ai jamais croisé de DRH, à part à la machine à café ! », sourit-il, comme pour faire remarquer que les décisions se prennent au niveau des chefs de projet et s’appuient, plutôt que sur le CV et les compétences techniques, surtout sur le « fit » entre le projet et l’équipe d’une part, et la personnalité du freelance, de l’autre. Les soft skills sont un atout de poids pour un indépendant dans son adaptation à la culture de l’entreprise. Et si le bon feeling n’est pas au rendez-vous, d’un côté comme de l’autre, chacun est libre de rompre le contrat. Une sorte de période d’essai, donc, qui convient parfaitement à cet ingénieur.

Pas d’insécurité

Son statut ne suscite aucun sentiment d’insécurité. « La première fois que j’ai quitté un CDI, j’ai retrouvé du travail en quelques jours à peine », raconte-t-il. Conséquence, si certains freelances souhaitent obtenir quasiment autant d’avantages que les salariés tout en restant indépendants, ce n’est pas son cas. « Je facture selon les prix de marché, pas selon ce que j’obtiendrais si j’étais en CDI, dit-il. En outre, ce n’est pas au client de supporter le coût de la mutuelle, des tickets restaurants ou des congés payés. D’ailleurs, ces avantages ne compenseraient pas, à mes yeux, l’absence de liberté, ni les heures perdues en réunion ! » Si l’étude de Malt et Angie Consulting fait apparaître une « attente sociale » de la part de certains freelances, Alexandre Berrebi assure ne pas la ressentir chez ceux qu’il fréquente. Et pas question de fusionner salariés et freelances au sein d’un même contrat à l’avenir. « Je veux mon indépendance. Mais je comprends fort bien que certains veulent être en CDI et je n’ai pas envie de leur enlever ce statut », dit-il.

Faire communauté

S’il ne souffre pas d’insécurité, en revanche, il ressent le besoin de « faire communauté » avec d’autres freelances. Les plateformes, qui offrent non seulement des données sur les missions mais aussi des occasions de partage d’information ou de rencontres, l’ont bien compris. Alexandre Berrebi conseille également aux freelances de ne pas rester isolés à travailler chez eux – ce que leur permettent certaines missions – mais d’opter pour du coworking, afin de partager des idées ou simplement parler de la pluie et du beau temps. Il avait ainsi élu domicile au Numa, vivier de start-up innovantes, pendant quelque temps. Il veut même aller plus loin. Entre deux missions, il travaille, en start-upper, au développement d’un logiciel d’aide à la gestion pour les indépendants. « Cela aura un véritable impact », dit-il.

Si les indépendants sont prêts à travailler, les DRH doivent encore, de son point de vue, apprendre à gérer les deux « forces vives » différenciées que sont d’un côté les salariés et de l’autre les freelances. « Pour l’heure, les DRH, très cloisonnées dans leurs métiers, ont du mal à trouver cet équilibre, et si elles s’appuient sur l’externe, c’est avant tout vers l’intérim qu’elles se tournent. Il leur manque encore une vraie vision pour l’avenir », regrette-t-il.

 

Crédit photo © Fabrice Labit

Auteur

  • L. Z.